Vaccins : l’aluminium est-il nocif ?

Les vaccins contenant de l'aluminium sont mis en cause par l'équipe du Professeur Gherardi à Créteil.
Les vaccins contenant de l'aluminium sont mis en cause par l'équipe du Professeur Gherardi à Créteil. © Reuters
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Marion Sauveur , modifié à
Injecté dans le muscle, l'aluminium peut s'acheminer jusqu’au cerveau, selon un chercheur.

Produit du quotidien, l’aluminium subit depuis de nombreuses années une présomption sur sa toxicité. Depuis les années 1970, ce métal est reconnu comme neurotoxique. Aujourd’hui, c’est son utilisation dans les vaccins qui est pointé du doigt par Virginie Belle dans son premier ouvrage Quand l'aluminium nous empoisonne *. Europe1.fr s’est penché sur la dangerosité de l'aluminium, comme adjuvant dans les vaccins.

L’aluminium dans les vaccins, un "fidèle" adjuvant

Les vaccins à base d’aluminium sont remis en cause depuis l’apparition, en 1998, d’une nouvelle maladie : la myofasciite à macrophages. Depuis 12 ans, "un millier de malades ont été diagnostiqués", explique Virginie Belle à Europe1.fr. Et pourtant, les vaccins contiennent de l’hydroxyde d’aluminium - un dérivé du métal -, comme adjuvant depuis 1926. L'aluminium est d'ailleurs considéré comme le "plus fidèle des adjuvants, bien toléré et qui donne les meilleures réponses avec les plus faibles quantités", assure le Professeur Bégué, membre de l’Académie de médecine, à Europe 1.

Mais un chercheur à l'Inserm sème le trouble quant aux vaccins aluminiques. Spécialiste des maladies neuromusculaires, le Professeur Gherardi s’est intéressé à la myofasciite à macrophages et a découvert, en 2001, que des nanoparticules d’hydroxyde d’aluminium stagnaient dans le corps des malades. Et il a constaté que toutes les personnes ayant contracté le syndrome avaient été vaccinées avec une injection contenant un adjuvant aluminique.

Du muscle jusqu’au cerveau

"L’aluminium, quand il est injecté, reste là où il est injecté", assure le Professeur Bégué. Faux, répond le Professeur Gherardi, à Europe1.fr. Avec son équipe de l’hôpital Henri Mondor à Créteil, il s’est intéressé au devenir d’une microparticule d’aluminium dans notre corps. A partir d’une d'elles rendue artificiellement fluorescente et injectée dans le muscle d’une souris, il a ainsi compris son parcours.

Et voici ce qu'il a découvert. Si 50% de l’aluminium injecté reste dans le muscle, la moitié de l’hydroxyde d’aluminium passe visiblement par le sang circulant, atterrit dans le foie et la rate, avant de finir son chemin dans le cerveau. Seulement, "contrairement aux autres organes, le cerveau ne laisse pas sortir les particules d’aluminium", explique le Professeur Gherardi avant de préciser qu’il s’agit "probablement d’une fonction protectrice du cerveau".

Une maladie génétique ?

Mais, le Professeur Gherardi et son équipe se sont rendus compte, l'été dernier, que c'est seulement dans certains cas que les particules arrivent jusqu'au cerveau, comme attirées par un phénomène "chimio-attractant". Et ce, sur le même principe que les cellules toxiques du VIH. "Cette pénétration de particules dans le cerveau se fait à l’intérieur de cellules", qui engloutissent les microparticules lors de l’injection. Ces cellules deviennent alors "immortelles" et ne peuvent plus se dissoudre. D'après l'équipe du Professeur Ghérardi, ce phénomène "chimio-attractant" pourrait alors être spécifique aux personnes atteintes de la myofasciite à macrophages. En cause : un gène.

Une expérience a été réalisée sur 95 patients qui ont contracté la maladie et le résultat est concluant. "La probabilité génétique semble être une très bonne piste", assure le Professeur Gherardi. Reste à attendre les résultats des 300 échantillons supplémentaires sur lesquelles travaille son équipe, pour confirmer les observations sur la souris chez l’Homme.

Romain Gherardi a présenté toutes ses découvertes mercredi devant l’Afssaps. Il espérait pouvoir ainsi obtenir des fonds et obtenir "la garantie qu’elles soient examinées". Seulement, si l'Afssaps semble s'intéresser à ses recherches, l'autorité sanitaire ne semble pas prête à financer la poursuite des découvertes sur la maladie.

Prudence des autorités sanitaires

Si l’Afssaps a accepté de recevoir le spécialiste des maladies neurologiques pour la seconde fois mercredi, elle se veut toutefois prudente quant à la dangerosité de l’aluminium dans les vaccins. "Aujourd’hui, nous n’avons pas de preuve et d’argument solide", avance le Dr Anne Castot, chef du département de la surveillance du risque, du bon usage et de l'information sur les médicaments, même si admet-elle "on a mis en évidence un certain nombre de risques suite à une forte exposition et répétée".

Pas de principe de précaution appliqué pour l’instant. Mais "l’Afssaps reste vigilant sur le sujet", assure le Dr Castot. Car "on a besoin de vaccin et on risque de déstabiliser l’efficacité de l’injection en retirant trop vite un adjuvant".

Pour autant, indique-t-elle, "de moins en moins de vaccins contiennent de l’aluminium", et celui sur la grippe A en est un exemple. "Mais, ce n’est pas parce que cet adjuvant est dangereux qu’il est moins utilisé", tient-elle à préciser. "C’est simplement parce qu’il est possible de développer des médicaments les plus sûrs possibles et pour lesquels on n’a pas besoin d’adjuvant", assure la représentante de l'Afssaps.

*Quand l'aluminium nous empoissonne, Virginie Belle, aux éditions Max Milo.