Le droit à l'oubli, priorité du plan cancer de Hollande

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Alexis Toulon , modifié à
Pour les banques et les assurances, une personne guérie du cancer est un malade en puissance. Une discrimination que l’exécutif veut supprimer.

"S'il n'y avait pas la science, combien d'entre nous pourraient profiter de leur cancer pendant plus de cinq ans ?", plaisantait Pierre Desproges dans les années 80. La médecine a depuis fait de grands progrès et les rémissions sont courantes. Pourtant, les anciens malades souffrent toujours de discrimination, par exemple lorsqu’ils souhaitent obtenir un crédit à la banque. Refus ou sous condition d’assurances très chères, les personnes guéries du cancer se trouvent face à un mur, malgré la rémission. Au nom de l’égalité, François Hollande a annoncé mardi, lors de la présentation du troisième plan de lutte contre le cancer, que le "droit à l’oubli" sera dorénavant reconnu.

Oublier pour pouvoir vivre. Actuellement, lorsqu’une personne souhaite obtenir un crédit immobilier, un questionnaire lui demande de préciser s’il a souffert d’un cancer. Peu importe que celui-ci soit totalement guéri ou remonte à l’enfance, pour les banques et les assurances, un malade reste un malade, même si la science est sûre du contraire. Le président veut faire disparaître cette mention du questionnaire et inscrire "le droit à l’oubli" dans la convention AERAS (s'Assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé), signée par les pouvoirs publics, les fédérations professionnelles de la banque, de l'assurance et de la mutualité et les associations de malades et de consommateurs. Si les négociations échouent lors de la renégociation de cette convention, prévue dans dix-huit mois, le gouvernement l’imposera "par la loi", menace François Hollande.

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Quels moyens pour le troisième Plan Cancer ? Le président François Hollande fait de la lutte contre les inégalités la pierre angulaire de son action. Le troisième plan de lutte contre le cancer, qui court de 2014 à 2019, serait doté de 1,5 milliard d'euros, dont près de la moitié (730 millions) financera des mesures nouvelles. A titre d’exemple, le président souhaite "doubler en cinq ans le nombre d'essais cliniques" contre le cancer ou encore étendre à "80% des femmes" le dépistage du cancer du col de l'utérus.

Le prix du cancer. Avec près de 150.000 décès par an, le cancer est la première cause de mortalité en France, où quelque 350.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Plus de la moitié des malades guérissent, mais le nombre de nouveaux cas ne cesse d'augmenter. La maladie coûte 14 milliards d'euros par an à la société.

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