Douste-Blazy : "Chaque personne qui prend l’avion sauve trois enfants du paludisme"

  • Copié
, modifié à
INTERVIEW E1 - L'ancien ministre Philippe Douste-Blazy revient sur les avancées de l'organisation qu'il préside, Unitaid.

INTERVIEW E1. Mardi soir, le milliardaire américain Bill Gates se rend à un dîner de gala à Paris pour l'organisation Unitaid. Son président, l'ancien ministre Douste-Blazy, a fait le point sur Europe 1 sur les succès de cette organisation, qui tente d'obtenir des prix plus justes pour les médicaments dans les pays pauvres.

Un billet d'avion pour éradiquer le paludisme. Philippe Douste-Blazy fait le constat d'une diminution de "l’aide publique [...] car nous sommes en crise et il est difficile de demander aux députés français ou grecs de donner un peu plus d’argent pour les pauvres dans le monde", concède-t-il. Il propose donc de "prendre une microscopique et indolore contribution de solidarité" aux activités économiques qui profitent de la mondialisation, comme "l'avion, le mobile, internet, les transactions financières", et "de donner aux pauvres". 

En 2006, sous la présidence de Jacques Chirac, Unitaid a proposé une contribution sur les billets d'avion, qui existe maintenant dans 14 pays. "Chaque personne qui prend l’avion donne un euro, sept euros", rappelle Philippe Douste-Blazy. "Il ne s’en rend même pas compte. Et il sauve trois enfants du paludisme", se réjouit-il.

Un médicament à un prix dérisoire. La dernière victoire d'Unitaid ? Avoir fait entrer "la Rolls Royce" des médicaments contre le Sida dans les pays pauvres. Dans les pays occidentaux, ces médicaments sont disponibles dès leur sortie sur le marché, même si très cher. "Quand vous êtes à Addis-Abeba, à Bamako, dans les pays pauvres, en Asie du sud-est, il faut attendre 20 ans que ce médicament arrive car les brevets sont protégés", déplore le président d'Unitaid.

L'organisation a pu passer un accord avec deux des plus grands laboratoires pharmaceutiques, Pfizer et GSK, pour ouvrir, dans les pays les plus pauvres uniquement, les brevets de leur dernier médicament contre le Sida.

Grâce à Unitaid, "nous avons pu faire une licence pour que les plus pauvres du monde aient pour la première fois les mêmes médicaments au même moment que les plus riches, à un prix dérisoire". C’est la nouvelle aventure de l’extrême pauvreté dans le monde. Philippe Douste-Blazy explique : "On leur a dit : 'Avec les pays les plus pauvres, de toute façon, vous ne leur vendez rien. Il n’y a pas de marché'", les poussant à accepter de lâcher une partie de leur brevet et donc la vente du médicament à prix dérisoire. Une première.