Des médicaments en ligne en 2011

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Roselyne Bachelot a confirmé que certains produits pourront être vendus sur internet.

Et si acheter des médicaments sur Internet n’était plus hors la loi ? La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, envisage de légaliser la vente sur Internet de certains médicaments non remboursables et délivrés sans ordonnance. C'est ce qu'elle a expliqué sur RTL, confirmant ainsi l'information publiée jeudi dans le quotidien Les Echos.

Sécuriser les achats

"Les Français souhaitent avoir accès à la vente de certains médicaments sur internet. Donc ce que je veux faire, c'est protéger la santé de mes concitoyens. D'abord empêcher les contrefaçons. Internet est en général le moyen de vendre des médicaments contrefaits qui peuvent être dangereux ou inefficaces", a expliqué la ministre. "On peut tabler pour une possibilité au cours de 2011", a-t-elle dit.

Quels médicaments en ligne ?

"Seuls pourront être vendus sur internet les médicaments en vente libre dans une officine et qui ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale", a précisé Roselyne Bachelot. La réflexion ne porte donc que sur les médicaments vendus sans ordonnance, ceux que l'on trouve "devant le comptoir".

Il s'agit en fait de mettre la législation française en accord avec une jurisprudence européenne, qui autorise la vente sur internet de médicaments sans ordonnance (arrêt DocMorris rendu en 2003 par la Cour de justice des communautés européennes). Une quinzaine de pays en Europe autorisent déjà la vente de médicaments en ligne. Belgique, Espagne, Hongrie, Pologne et République tchèque ont limité l'ouverture aux produits sans prescription obligatoire, alors que l'Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark autorisent aussi les médicaments soumis à prescription. Seules les officines autorisées sur le territoire de l'Union européenne auraient la possibilité de proposer ces médicaments à la vente sur internet en France.

Qui pourra ouvrir son site ?

"Ce sont uniquement les pharmacies légalement installées en France ou en Europe qui pourront ouvrir un site qui permettra la vente de médicaments", assure la ministre. L'intérêt ? "Un pharmacien pourra répondre aux questions des personnes qui voudront acheter des médicaments", a précisé Roselyne Bachelot.

Une première réunion sur le sujet a eu lieu mercredi au ministère de la Santé. Elle a réuni les syndicats d'officines, l'Ordre des pharmaciens, la DGCCRF, l'Afssaps et le Leem, le syndicat des laboratoires pharmaceutiques. "Une nouvelle réunion de travail est prévue en juin", a indiqué Roselyne Bachelot. "Et l'ordre des pharmaciens va mettre en place un portail internet pour vérifier qu'il s'agit d'une vente légale", a-t-elle ajouté.

La crainte des syndicats

"Quels que soient les outils mis en place, personne ne peut aujourd'hui contrôler la vente de médicaments sur Internet. C'est la porte ouverte à la contrefaçon et aux sites de faux pharmaciens !", s'insurge Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), interrogé par Les Echos.

Selon une récente étude réalisée par le géant pharmaceutique Pfizer 50% à 90% des médicaments vendus en ligne seraient des contrefaçons. L’étude révèle également que les Européens dépenseraient jusqu'à 10,5 milliards d'euros par an pour acheter des contrefaçons de médicament.

– Avez-vous déjà acheté des médicaments sur Internet ?