Wauquiez : "l'assistanat est un cancer"

Figure de la "droite sociale", Laurent Wauquiez a décidé de muscler son discours et veut rendre le RSA plus contraignant.
Figure de la "droite sociale", Laurent Wauquiez a décidé de muscler son discours et veut rendre le RSA plus contraignant. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Le ministre veut instaurer une contrepartie aux minima sociaux pour inciter à "la reprise du travail".

Conçu pour inciter les chômeurs et inactifs à retrouver un emploi tout ne leur assurant un minimum de ressources, le revenu de solidarité active (RSA) n’est pas assez contraignant aux yeux du ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez.

"Cette question de la différence entre le travail et l'assistanat est aujourd'hui l'un des des vrais cancers de la société française parce que ça n'encourage pas les gens à reprendre un travail, parce que ça décourage ceux qui travaillent", a déclaré Laurent Wauquiez lundi matin sur Europe1. "Et parce qu'au total, ça fait perdre de l'activité et donc de l'emploi à la société française".

"Le cancer de la société" :

Dimanche, le ministre avait déjà annoncé que son groupe "la Droite sociale" déposerait "dans les 10 jours" à l'Assemblée une proposition de loi pour contraindre les bénéficiaires du RSA à "assumer" cinq heures hebdomadaires de "service social".

RSA ou les "dérives de l'assistanat"

Invité de l'émission BFMTV 2012-Le Point-RMC, Laurent Wauquiez a dénoncé une première fois dimanche les "dérives de l'assistanat" comme "le cancer de la société française", et formulé "trois propositions".

Il a émis l'hypothèse "de plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75% du Smic, pas plus". "Aujourd'hui, un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu'un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au Smic, a-t-il avancé. Ça, c'est la société française qui tourne à l'envers."

Des missions au service de la collectivité

En contrepartie du RSA, "il faut que chacun assume chaque semaine cinq heures de service social". Cela ne représente "pas grand-chose" mais montre que, "en face des droits (...), pour vous il y a des devoirs", a-t-il argumenté.

"Nous plaidons pour que ce soit une obligation, et on déposera dans les 10 jours qui viennent une proposition de loi en ce sens", a poursuivi Laurent Wauquiez, avant d’évoquer comme possibles missions les sorties d'école, les travaux de nettoyage ou encore "l'accueil de service public".

Les étrangers pointés du doigt

Le maire du Puy-en-Velay a enfin jugé anormal que le système de protection social, "le plus généreux d'Europe", permette aux étrangers, "très facilement, de bénéficier de nos différents outils de solidarité".

"Il est normal que quelqu'un qui vienne en France bénéficie de notre système à condition qu'il ait un minimum contribué", a-t-il estimé, suggérant d'établir une durée minimale de travail -cinq ans- pour pouvoir y prétendre. L'objectif est, d'après M. Wauquiez, que ces propositions soient expérimentées avant la présidentielle de 2012, et puissent nourrir le débat de la campagne.

En contrepartie, afin de promouvoir le "sens de l'équilibre (...) au bénéfice des classes moyennes", le ministre s'est prononcé pour que chaque citoyen résidant plus de trois mois en France soit assujetti à l'impôt, contre six mois actuellement.

Martin Hirsch se désolidarise

Du côté de Martin Hirsch, à l’origine du RSA, les mesures annoncées par Laurent Wauquiez sont "une fausse bonne idée". Dans un article publié lundi sur le site des Echos, l’actuel président de l'agence nationale pour le service civique plaide pour une fusion avec la prime pour l'emploi, jugée "coûteuse, inefficace pour le retour à l'emploi, incroyablement diluée [...] et inéquitable". Il veut également l'assortir d'une extension du RSA au-dessus du SMIC.

 

Néanmoins, Martin Hirsch ne rejette pas tout renforcement de l'obligation de travail. A l’instar de Xavier Bertrand, il désire faire de la hausse du nombre d'allocataires du RSA embauchés en contrat aidé l'un de ses chevaux de bataille. Martin Hirsch évoque le fait de "pouvoir systématiquement [...] sanctionner le double refus d'un contrat unique d'insertion" par un bénéficiaire du RSA.