Villepin dénonce un "Etat politisé"

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L’ancien Premier ministre a dénoncé "une pagaille qui s’est installée" au sein de l’appareil d’Etat.

"L’Etat ne doit pas être politisé, mis au service de tel ou tel, d’un politique ou de jeux politiciens", a accusé Dominique de Villepin, mardi matin sur Europe 1, en réaction aux dernières révélations dans l’affaire Woerth/Bettencourt. Le président du parti République Solidaire pointe notamment les soupçons d’espionnage contre un journaliste du Monde.

"Je suis désolé de voir le tournant que vit aujourd’hui la politique française et je constate qu’il y a beaucoup à faire, à la fois à l’intérieur de l’UMP et dans la politique nationale", a déploré l’ancien Premier ministre, qui regrette "un cafouillage, une pagaille qui s’est installée" au sommet de l’Etat.

"Trois principes bafoués"

"Ce climat me donne envie de défendre les grands principes qui sont les nôtres. Nous ne pouvons accepter de voir ainsi bafouer ces principes. Je prends ainsi l’exemple de l’affaire Le Monde-Woerth-Bettencourt. Trois principes sont bafoués dans cette affaire : l’impartialité de l’Etat, (…) le secret de l’instruction (…) et le secret des sources", a pointé Dominique de Villepin.

"C’est pour cela qu’il faut veiller à ce que l’impartialité de l’Etat puisse jouer à plein", a-t-il ajouté :

Dominique de Villepin s'est aussi interrogé sur le travail de la justice dans l'enquête sur l'origine des fuites publiées dans Le Monde. Ce haut fonctionnaire "l'a-t-il fait avec l'accord de son cabinet? de sa hiérarchie? A quelles fins? Dans quelles conditions ces fuites ont-elles été organisées ?", a déclaré de Villepin.

"Il y a la mise en cause d'un haut fonctionnaire, membre du cabinet de la garde des Sceaux depuis 8 ans, qui aurait livré des documents confidentiels. Il est important que l'IGS (inspection générale des services) qui était chargée d'une enquête sur cette violation du secret de l'instruction aille jusqu'au bout, or il semblerait que le parquet de Paris ait clos l'affaire. Ce n'est pas normal", a-t-il dénoncé.

Pour un Premier ministre fort

"Je dénonce le déséquilibre institutionnel, le déséquilibre des pouvoirs qui règne aujourd’hui en France", a continué Dominique de Villepin, qui appelle de ses vœux un rééquilibrage à la tête de l’Etat.

"Il me parait essentiel, puisqu’un remaniement se profile, qu’il y ait à nouveau un Premier ministre capable d’exercer son autorité et des ministres capables de remettre de l’ordre", a-t-il espéré, avant de déplorer : "aujourd’hui, l’ensemble des pouvoirs sont exercés à l’Elysée".

"Le Français ne peuvent pas être satisfaits de vivre au milieu de cette bulle politique qui intéresse peut-être quelques responsables politiques mais qui n’intéresse pas les Français", a-t-il ajouté.

Mais il ne compte pas pour autant quitter l’UMP car il "appartient à la tradition gaulliste. Son mouvement, République Solidaire, revendique déjà "20.000 adhérents et sympathisants", selon lui.