Valises à l'Élysée: la justice bientôt saisie?

François Hollande demande l'ouverture d'une enquête après les accusations de Robert Burgi.
François Hollande demande l'ouverture d'une enquête après les accusations de Robert Burgi. © REUTERS
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avec agences , modifié à
REACTIONS - Les politiques demandent que la justice soit saisie après les accusations de Bourgi.

Les accusations de Robert Bourgi ne sont pas passées inaperçues. L’avocat au service de l’Élysée pendant près de 25 ans met en cause, dans une interview au Journal du Dimanche, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, dont il aurait été le porteur de valises.

Des révélations qui suscitent un tollé auprès de la classe politique. De François Hollande à Valérie Rosso-Debord en passant par Gérard Larcher, tous demandent des précisions sur les révélations gênantes de l’avocat.

Bourgi "prêt à s’expliquer devant la justice"

La déléguée générale de l’UMP, Valérie Rosso-Debord, attend des "éléments de preuves". Robert Bourgi a assuré au JDD  : "Pendant 30 ans, Jacques Foccart [un autre avocat a qui il a succédé, ndlr] a été en charge, entre autres choses, des transferts de fonds entre les chefs d'État africains et Jacques Chirac. Moi-même, j'ai participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac, en personne, à la mairie de Paris."

Si ces faits sont avérés, la député UMP envisage des poursuites judiciaires : "S'il a des éléments de preuve, qu'il saisisse la justice. (…) Il faut que Bourgi apporte des preuves, pas seulement des paroles. Si ce qu'il dit était vrai, il faudrait que la justice passe".

Même son de cloche du côté de Gérard Larcher. "Je suis étonné qu’il le dise à la presse et non pas à la justice. Elle est là pour ça", a commenté le président du Sénat dans le cadre du grand rendez-vous Europe 1/Le parisien/iTélé. "Il faut reprendre les choses dans le bons sens. Qu’il saisisse la justice", a-t-il martelé.

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, s'est déclaré dimanche convaincu que la justice ou éventuellement une commission d'enquête parlementaire seront saisis des "allégations sans aucune preuve" de l'avocat Robert Bourgi.

D’après l’avocat, la noria de "valises" africaines aurait commencé en 1997 et s’est poursuivie alors même que Dominique de Villepin avait quitté le secrétariat général de l'Elysée en 2005 : "au total, après qu'il eut quitté l'Elysée, j'estime avoir remis à Villepin, en direct, une dizaine de millions de dollars."

Interrogé dimanche après-midi sur RTL,  Robert Bourgi persiste et signe. Il se dit "prêt à s’expliquer devant la justice". "Je me tiens à disposition de ceux qui voudront m’interroger. Pourquoi voulez-vous que j’ai peur ?", a-t-il lancé.

Hollande veut une enquête

A gauche, François Hollande va plus loin et demande au Garde des Sceaux l’ouverture d’une "procédure judiciaire". "On doit savoir ce qui s'est passé pendant toutes ces années, parce que ce sont des graves infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales et peut-être même davantage", a déclaré le député de Corrèze sur Canal +.

Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a déclaré à Nice que la « justice fait son travail et ce n’est pas François Hollande qui lui prescrit.

Une manœuvre politique ?

Le premier concerné, Dominique de Villepin, s'est une nouvelle fois exprimé sur les accusations de Robert Bourgi. Après avoir démenti ces fariboles, il dénonce sur France 3, accusations "indignes" et "mensongères".

Le président de République solidaire y voit une manœuvre politique qui vise à le déstabiliser à quatre jours du rendu du jugement dans l’affaire Clearstream.

"Tout cela n'est pas un hasard", a-t-il déploré. "On voit l'acharnement, la volonté de salir la présidence de Jacques Chirac", remarque-t-il tandis que se poursuit le procès des emplois fictifs de la ville de Paris auquel Jacques Chirac est dispensé d'assister pour cause d'anosognosie.

Interrogé sur France 3, Dominique de Villepin revient sur les accusations de Bourgi :

Robert Bourgi rétorque :"je ne suis pas conseillé de l’Élysée. Ni le président de la République, ni Claude Guéant, ni François Fillon ou autre ne savaient que j’allais m’exprimer".