VGE : "je n’avais pas imaginé ma défaite"

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Fabienne Cosnay , modifié à
- L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing livre ses souvenirs du 10 mai 1981.

Invité exceptionnel d’Arlette Chabot dans Europe 1 Soir, mardi, l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing a confié ses souvenirs du 10 mai 1981, jour de sa défaite au second tour de la présidentielle face à François Mitterrand. Trente ans après, VGE livre son analyse de cette soirée, évoque quelques regrets et distribue bons et mauvais points à François Mitterrand et Jacques Chirac.

"Ils étaient 14.642.000 à voter pour moi"

Le jour de la défaite. "Je n’avais pas imaginé ma défaite parce que personne ne l’imaginait. Jusqu’à trois mois avant l’élection présidentielle, tous les Français pensaient que je serai réélu, les sondages étaient excellents et me plaçaient à plus de 60%".

Une campagne bâclée. "Ce n’est pas mon rôle d’expliquer cette défaite", a confié VGE. Avant de livrer tout de même son analyse et de la comparer à celle de Charles de Gaulle. "En France, dans les tous derniers mois d’un mandat, il se passe quelque chose (...) Moi, jusqu’au mois de janvier, j’étais réélu assez facilement. Le résultat d’ailleurs, c’est que j’ai fait une mauvaise campagne", a ajouté l’ancien chef d’Etat. "Quand on pense qu’on va être réélu, on ne travaille pas beaucoup sa campagne", a-t-il expliqué, amusé. "Ce qui me préoccupait, c’est ce que je ferai après", a-t-il conclu.

"J'ai fait une mauvaise campagne" :

Les commémorations du 10 mai. "Pourquoi vous commémorez cet anniversaire avec autant de volume alors que vous en avez laissé passer d’autres dont personne n’a parlé", s’est interrogé l’ancien président de la République. Et Valéry Giscard d’Estaing de faire référence au 40e anniversaire de l’élection de Pompidou, "dont personne n’a parlé", selon lui. Conclusion de l’ancien chef d’Etat : "on en fait un peu trop". Valéry Giscard d’Estaing ne s’est d’ailleurs pas privé de rappeler que "l’élection avait été très serrée". Et a tenu, en cette journée de commémoration, à "remercier les gens qui ont voté pour lui", ce 10 mai 1981. "Ils étaient 14.642.000", a détaillé, très précis, l’ancien président. "Un million de plus qu’en 1974 !"

Et s’il avait été réélu ? Si il avait été élu au soir du 10 mai 1981, Valéry Giscard d’Estaing aurait pris deux décisions : nommer un nouveau Premier ministre, "dans la nouvelle génération des gaullistes-européens et libéraux". "Jacques Chaban-Delmas me convenait tout à fait" a précisé VGE. Deuxième mesure : "un référendum avant l’été pour instaurer le quinquennat".

La défense de son bilan. "Les changements que j’avais faits comme président de la République étaient approuvés par l’opinion et n’ont pas été remis en question par Mitterrand. Toutes les grandes lois de mon septennat sont toujours appliquées (…) La loi sur l’avortement, l’abaissement de l’âge électoral" sont toujours d’actualité, a listé l'ancien chef de l'Etat. Et Valéry Giscard d’Estaing a également défendu sa politique en matière de lutte contre le chômage et de la dette publique, rendant un vibrant hommage à son Premier ministre Raymond Barre.

"Mitterrand avait le niveau"

La passation de pouvoir. "Je l’ai fait avec bonheur. Je suis de culture démocratique et parlementaire, donc les changements – lorsque c’est fait par un vote - on les accepte". "Il n’y avait jamais eu d’alternance sous la Ve République et je me suis dit, il faut que ce soit réussi. Je voulais que ça se passe bien", a confié Valéry Giscard d’Estaing, interrogé sur sa passation de pouvoir à l’Elysée avec François Mitterrand. "J’ai donné à François Mitterrand ce que j’estimais être les secrets d’Etat, qu’il a écoutés d’ailleurs avec une certaine indifférence", a souligné l’ancien président de la République, amusé.

L’après-Elysée. "La France n’a pas d’emploi et de mode d’emploi pour ses anciens dirigeants. En 1981, j’avais 55 ans (…) j’aurais aimé faire autre chose, par exemple, diriger une grande entreprise française mais c’était impossible. Ni le milieu, ni l’opinion, ni les journalistes ne l'auraient accepté".

François Mitterrand. "Il était de niveau présidentiel (…) "Ce n’était pas un homme d’Etat, un bâtisseur mais un rhéteur, un homme de paroles, brillant, qui avait le niveau" (…) Je ne sais pas très bien ce qu’il voulait faire en fait", a confié Valéry Giscard d’Estaing. "Quelques jours avant sa mort, il m’a dit : "reconnaissez que je ne n’ai pas fait grand chose'".

Jacques Chirac. Valéry Giscard d’Estaing a aussi égratigné son rival Jacques Chirac, affirmant avoir été "le dernier président de la culture gaulliste".