Trois ans avant la présidentielle, les sondages sont-ils fiables ?

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Kim Biegatch avec Laurent Guimier , modifié à
FACT-CHECKING - François Bayrou affirme que les intentions de vote pour l’élection de 2017 n’ont aucun sens. Vrai ou faux ? 

LA PHRASE - Les sondages permettent-ils de prédire l’avenir ? Invité de Jean-Pierre Elkabbach mercredi matin, François Bayrou, le président du Modem et nouveau maire de Pau, n’a pas manqué de tacler le sondage Opinion way pour Le Figaro qui donnerait François Hollande perdant dès le premier tour de la présidentielle de 2017.

"Franchement, les sondages en avril 2014 sur avril 2017 n’ont aucun sens", a affirmé François Bayrou. Qu'en est-il vraiment ?

>> Dans sa chronique, Laurent Guimier revient sur cette déclaration :

Ce n’est pas la première fois qu’un journal se lance dans la "politique fiction" à trois ans de l’échéance...et se trompe. A cet égard, les sondages d’intention de vote publiés avant les dernières élections présidentielles sont parlants. Sur les trois derniers scrutins, les prédictions des instituts se sont systématiquement révélées fausses.

Pour 2002 : le FN invisible. Au printemps 1999, en pleine cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, tous les sondages sans exception décrivent un duel acharné entre le président et son Premier ministre. Au baromètre d’intention de vote CSA du 10 juillet 1999, Jean-Marie Le Pen est à 5% d’intentions de vote. Trois ans avant le 21 avril 2002 et le score sans précédent du Front national, les sondages ne voient rien venir.

Pour 2007 : erreur de casting. Au printemps 2004, les différents baromètres s’approchent d’une tendance réelle. A droite, Nicolas Sarkozy caracole en tête des intentions de vote. En revanche, les simulations pataugent à gauche. Les instituts de sondage annoncent un deuxième tour entre Nicolas Sarkozy et Lionel Jospin, Jack Lang ou François Hollande. Aucune mention n’est faite de Ségolène Royal qui sera pourtant l’adversaire de Nicolas Sarkozy en mai 2007.

Pour 2012 : Royal plutôt qu’Hollande. Au printemps 2009, les sondages ne font pas mieux. Dans toutes les simulations qui anticipent la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy est opposé à Ségolène Royal ou Martine Aubry. Dominique Strauss-Kahn, alors président du FMI, est totalement absent des différents baromètres. Quant à François Hollande, il n’est mentionné dans aucun sondage. Trois ans avant 2012, l’hypothèse d’un François Hollande candidat à la présidentielle n’existe même pas.

ALORS VRAI OU FAUX ?

François Bayrou a raison de dire que les sondages ne prédisent pas les résultats des élections à venir.