Troadec, ce Breton qui défie l'Elysée

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PORTRAIT - Le maire de Carhaix est le leader politique de la fronde bretonne contre le gouvernement.

Les "bonnets rouges", c’est lui. A 47 ans, Christian Troadec, le maire divers gauche de Carhaix, petite commune du Finistère de moins de 8.000 habitants, s’est imposé comme le leader de la fronde bretonne contre l’écotaxe. Pas une manifestation sans lui, pas une photo où il n’est pas au premier plan. Mais qui es-tu vraiment Christian Troadec ?

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Un homme politique. Depuis 2001, il est candidat à toutes les élections. Cette année là, il ravit la mairie de Carhaix à la droite, sous une étiquette "gauche alternative", et contre une liste PS. Une performance qu’il réédite en 2008. Entre temps, en 2004, Christian Troadec est aussi élu au Conseil régional de Bretagne, où il siège jusqu’en 2010. Mais plus que ces victoires électorales, c’est son positionnement qui intrigue. "Ses adversaires voient en lui un homme plus soucieux de son image que de convictions politiques. Ni de gauche, ni de droite, juste populiste, disent les plus hostiles", peut-on lire dans les colonnes de Libération. Un exemple ? Quand il est éliminé dès le premier tour des régionales, en 2010, il apporte son soutien à Europe Écologie, avant, quelques mois plus tard, de soutenir François Hollande au premier tour de la primaire socialiste…. et de voter Eva Joly à la présidentielle ! Début novembre 2013, Le Parisien le dit désormais proche du Nouveau parti anticapitaliste. L’homme est décidément difficile à suivre.

Un journaliste et chef d’entreprise. Les médias l’adorent. Christian Troadec, le verbe haut, est ce qu’on appelle "un bon client". Normal, il a de l’expérience. Ce fils d’agriculteur devenu journaliste a en effet lancé, au milieu des années 1990 un hebdomadaire local, Le Poher, qu’il revend ensuite au Télégramme en 1999. Avec le fruit de cette vente, Christian Troadec reprend les bières artisanales bretonnes Coreff. Et ce n’est pas la première preuve de son attachement viscéral à sa région. En 1992, "la région vivait la crise de plein fouet, et le déclin semblait inéluctable", expliquait-il alors pour justifier la création du festival des Vieilles Charrues devenu, 20 ans plus tard, le premier rassemblement rock de France. Un succès pour Christian Troadec.

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Mais un Breton avant tout ! Régionaliste, Christian Troadec l’est plus que tout. En 1999, il cofonde le Collectif breton pour la démocratie et les droits de l'homme. En 2008, pour les élections régionales, il crée le mouvement de rassemblement breton "Nous te ferons Bretagne". "La Bretagne est debout, avec la tête haute et l'envie de construire un projet pour son pays", clamait-il, samedi dernier à Quimper, lors de la grande manifestation des "bonnets rouges". En 2008, il renforce encore son aura locale en se faisant le pourfendeur d’un projet de fermeture de l’hôpital de sa ville. Après des mois de mobilisation, il remporte son combat.

Son autre cheval de bataille, outre sa volonté d’une plus grande autonomie pour la Bretagne, c’est la langue bretonne. Pour la sauver, il fonde les écoles Diwan, où l’enseignement se fait exclusivement en langue bretonne. Dans sa mairie, il délivre également des livrets de famille dans la langue régionale et, quand il défile dans les rues, c’est ceint des couleurs bretonnes et non de la traditionnelle écharpe tricolore. Preuve de sa détermination, il a même écrit, cette année, à François Hollande pour lui rappeler sa promesse de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires. Qui a dit que le Breton était têtu ?