Taxe à 75% : l'Elysée ne lâche rien

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Fabienne Cosnay , modifié à
François Hollande ne peut se permettre une nouvelle reculade. Et a l'opinion avec lui sur le sujet. 

Le match n'est pas encore commencé mais le résultat semble déjà acté : la rencontre entre François Hollande et les présidents de club de foot, jeudi après-midi à l'Elysée, s'achemine vers une défaite pour les défenseurs du ballon rond. La menace d'une journée blanche, sans matches de Ligue 1 et Ligue 2 le week-end du 30 novembre pour protester contre le projet de taxe à 75% n'a en rien fait fléchir l'exécutif. Au contraire. Depuis l'annonce de cette grève, le gouvernement multiplie les messages de fermeté et laisse entendre qu'il n'entend pas céder.

Une cause perdue. Comme l'avait appris Europe 1 la semaine dernière, François Hollande n'a pas l'intention de reculer sur cette promesse de campagne au combien symbolique.  "Il n'y aura pas d''exception pour les clubs de football au nom de l'égalité fiscale "car si on fait une exception pour les clubs de foot, d'autres entreprises s'engouffreront dans la brèche pour réclamer, elles aussi, une dérogation", soulignait  l'entourage du chef de l'Etat. "Ce n'est pas la menace d'une grève qui fera bouger le président. Il les écoutera mais la taxe s'appliquera", assure l'un de ses conseillers au Parisien.  

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Donner le ton avant la rencontre. A quelques heures de ce rendez-vous où chacun risque de camper sur ses crampons, le gouvernement a multiplié les messages de fermeté, laissant entendre qu'une remise en cause du principe de la taxe à 75% était d'ores et déjà exclue. "Les Français ne comprendraient pas que le football soit exonéré" de la taxe à 75%. "Dans ces moments difficiles, il est normal de faire davantage appel à la solidarité de ceux qui ont le plus de moyens", relève Jean-Marc Ayrault dans une interview parue jeudi dans le journal russe Kommersant.

"Toutes les entreprises concernées par cette taxe doivent la payer, c'est le principe. Ce principe sera rappelé cet après-midi", a abondé le ministre du Budget Bernard Cazeneuve, sur BFM-TV. "Il ne faut pas mollir sur ce point parce qu'il n'y a aucune raison de le faire", martelait Michel Sapin, à la veille de la réunion. Le patron des députés PS est même allé jusqu'à filer la métaphore footballistique : "Le Président doit dire aux présidents de clubs de foot qu'il faut qu'ils mouillent le maillot pour notre pays", a conseillé Bruno Le Roux.

Hollande a l'opinion avec lui. Sur le sujet, François Hollande peut se targuer d'avoir l'opinion avec lui. Selon un sondage Tilder-LCI-OpinionWay publié jeudi dernier, 85% des Français sont favorables à l'application de la taxe aux clubs de football professionnels et 83% considéreraient comme injustifiée une grève.  Dans ces conditions, pourquoi reculer ? "On ne va pas lâcher sur un sujet où 80% des Français nous soutiennent, ce qui n'est pas si fréquent", fait remarquer un ministre interrogé par Libération.

Une question de crédibilité. Après ses reculades sur la taxation de l'épargne et l'écotaxe en moins d'une semaine et alors que l'affaire Leonarda a fragilisé son autorité, François Hollande n'a aucun intérêt à flancher sur la taxe à 75%, d'autant plus que cette mesure était l'une de ses promesses phares pendant la campagne présidentielle.

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