Sarkozy s'adresse à toute la droite

Frontière, sécurité, patrie mais aussi crise et déficits... Nicolas Sarkozy a évoqué des thèmes autant de l'extrême droite que du centre lors de son discours à la mutualité française.
Frontière, sécurité, patrie mais aussi crise et déficits... Nicolas Sarkozy a évoqué des thèmes autant de l'extrême droite que du centre lors de son discours à la mutualité française. © REUTERS
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Le président va devoir faire le grand écart entre centre et extrême droite dans l'entre deux-tours.

Nicolas Sarkozy, et l'obligation du grand écart. Qualifié au second tour mais donné perdant par les sondages,  il va devoir ratisser large, du centre à l'extrême droite, pour espérer passer devant François Hollande, qui lui réunit déjà à gauche. "Je pense que Nicolas Sarkozy va faire un entre-deux tours à droite " confirme le politologue Stéphane Rozès.

Et le candidat UMP s'y est employé dès son premier discours après les résultats, donné à la Mutualité Française dans le 5e arrondissement de Paris. Le président sortant en a donné un avant-goût, en caressant dans le sens du poil l'électorat de l'extrême droite, évoquant ses thèmes phares dès le début.  "Les Français ont exprimé un vote de crise témoignant de leurs inquiétudes, de leurs souffrances, de leurs angoisses, face à ce nouveau monde qui est en train de se dessiner. Ces angoisses, ces souffrances, je les connais, je les comprends. Elle porte sur le respect de nos frontières, la lutte déterminée contre la délocalisation, la valorisation du travail, la sécurité, pour eux et pour leur famille", a-t-il détaillé.

Il a conclu ce discours de moins de 5 minutes par un appel au patriotisme : "J'appelle tous les Français qui mettent l'amour de leur patrie au dessus de toute considération partisane, au dessus tout intérêt particulier, à s'unir et à me rejoindre."

Marine Le Pen s'impose comme la troisième personnalité de  cette élection, avec près de 20% des voix. Nicolas Sarkozy a donc tout à espérer d'un report de voix de ses électeurs.

"L'enjeu pour lui, c'est impérativement de récupérer l'électorat du Front national. Mais depuis le début de la campagne, à chaque fois qu'il est allé sur ce terrain, ça n'a pas marché", souligne Gaël Sliman de l'institut BVA.

Ratissage au centre

Mais "un entre-deux tours à droite peut lui faire perdre le centre", estime Stéphane Rozès.  "Ça va être très compliqué pour lui de réorienter la tendance: il a fait une campagne qui a conduit à renforcer le Front national et il aura du mal à regarder au centre", estime Stéphane Rozès,

Le candidat UMP aura malgré tout aussi besoin des voix centristes.  Vérité, lutte contre la crise et les déficits publics, courage, refus de la logique partisane… Il a donc d'ores et déjà commencé à insister sur les thèmes chers à François Bayrou.

 "J'appelle tous ceux qui refusent la fuite en avant des dépenses publiques sans aucun contrôle et qui ne veulent pas que la France connaisse le sort des autres pays européens aujourd'hui emportés par la crise. J'accueillerai tous ceux qui souhaitent se rassembler autour de mon projet.   Je le ferai sans aucun esprit partisan. Car c'est au peuple français, tout le peuple français, que je veux m'adresser", a-t-il tonné sous les applaudissements.

Mais le candidat du Modem ne s'est toujours pas prononcé, et rien ne laisse indiquer qu'il se rangera derrière le candidat UMP. Il reste deux semaines à Nicolas Sarkozy pour réussir à faire son grand écart, peut-être seul. 

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