Roms : Valls assume ses propos

© REUTERS
  • Copié
Rémi Duchemin, avec AFP , modifié à
Le ministre a répondu à Cécile Duflot, qui l’avait accusé de "mettre en danger le pacte républicain".

La polémique entre Cécile Duflot et Manuel Valls au sujet des Roms n’est pas près de s’éteindre. Dimanche, c’est le ministre de l’Intérieur qui a remis un peu d’huile sur le feu en qualifiant d’"insupportables" les propos prononcés à son endroit pas sa collègue du Logement. "J'ai entendu des propos insupportables, que je mettais en cause le pacte républicain, que j'étais sur les thèses de Le Pen", a déploré Manuel Valls sur BFMTV. Jeudi, Cécile Duflot l’avait accusé d'être allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain" sur le sujet. La référence est donc des plus évidentes.

 >>> A lire aussi : la charge de Duflot contre Valls

Il persiste… Manuel Valls a en outre assumé et respecté les propos qui avaient déclenché la polémique. "Les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou à revenir en Roumanie", a répété le ministre de l’Intérieur. Il a ensuite expliqué que le rôle d'un responsable politique était d'"assumer".

…Et riposte. Puis le ministre de l’Intérieur a riposté, en retournant l’accusation. "Il faut faire attention car à force de vouloir faire l'ange, on finit par faire le jeu de la bête, du Front national", a ainsi prévenu Manuel Valls. "Quand on utilise de tels mots, on joue avec le feu. Ce que les Français nous demandent, c'est d'agir, pas de nous critiquer entre nous", a-t-il encore accusé. "La France traverse une crise culturelle. Notre politique vise à apaiser mais il faut décrire la réalité aux Français. Cette fracture est toujours là. Nous avons sans doute sous estimé les fractures... Regardez quand on interroge les Français sur l'immigration, il y a des fractures... On ne peut pas apaiser en cachant la vérité", a-t-il enfin insisté.

"La même chose que l’extrême droite". Dimanche, les critiques venues de la gauche ont continué. "Ce qu'a dit Manuel Valls, n'est pas acceptable", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche lors de l'émission 12/13 Dimanche sur France 3, "il dit la même chose que l'extrême droite" au sujet des Roms. "M. Valls naturalisé devrait se rappeler qu'il est un enfant d'immigré", a-t-il ajouté. "On peut le dire autrement, on peut le dire comme dit le Parti communiste français qui le traite de xénophobe, on peut dire qu'il est un problème pour la République comme l'a dit la ministre du Logement Mme Duflot", a déclaré Jean-Luc Mélenchon.

Un discours "dangereux et idiot". De son côté, Daniel Cohn-Bendit a dénoncé le discours "dangereux et idiot" de Manuel Valls. "En disant que les Roms ne veulent pas s'intégrer, Manuel Valls racialise la question. Son discours est dangereux et idiot. Il y a des gens qui, il y a une soixantaine d'années, parlaient de la même façon des Roms et des juifs", explique l’eurodéputé écologiste pour qui, "en s'exprimant ainsi, Valls renforce les extrémismes". Alors qu'un sondage BVA paru samedi montre que 77% des Français approuvent les propos de Manuel Valls et 93% jugent que les Roms s'intègrent mal, l'eurodéputé affirme que, "dans les années 1930, 80% des Français pensaient que c'était difficile d'intégrer les juifs".