Rentrée sous tension pour Sarkozy

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Hélène Favier , modifié à
Retraites, budget et sécurité : ce triptyque animera la rentrée, avant un remaniement prévu en octobre.

Nicolas Sarkozy siffle mercredi la fin des vacances, en convoquant le tout premier Conseil des ministres. Cette rentrée s’annonce d'emblée agitée pour le gouvernement qui devra plancher sur trois gros dossiers : celui des retraites, du budget et de la sécurité. Le tout dans un climat incertain lié à l’annonce d’un remaniement pour fin octobre.

Sécurité - Le dossier le plus délicat de la rentrée est indubitablement celui de la sécurité. Les annonces faites, fin juillet, par le président à Grenoble ont créé des remous jusqu’au sein de la majorité et la polémique sur le renforcement des mesures d'expulsion contre les Roms semble persister.

Les débats pourraient de nouveau tourner autour de cette question sécuritaire avec l’examen par le Parlement des mesures annoncées à Grenoble, dont celle très controversée prévoyant la déchéance de la nationalité française pour certains délinquants d’origine étrangère. Celle-ci fera l’objet d’un amendement au projet de loi sur l’immigration débattu à partir du 27 septembre à l’Assemblée nationale.

Retraites - La date qui sonnera la vraie rentrée politique du gouvernement est, sans conteste, celle du 7 septembre, journée de mobilisation syndicale contre une réforme des retraites impopulaire. Nicolas Sarkozy qui déjà fait de cette réforme un des symboles de son quinquennat, a déjà exclu de revenir sur le recul prévu de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite mais s’est dit prêt à discuter des aménagements pour les carrières longues et pénibles.

Une forte mobilisation contre la réforme pourrait fragiliser encore plus le président dont la cote de popularité ne dépasse pas les 36% d’opinions favorables. Autre handicap sur le dossier : il sera défendu par un ministre du Travail, Eric Woerth, déjà ébranlé par l’affaire Bettencourt.

Budget - L’élaboration du budget 2011 sera une autre source de frictions. Le gouvernement devra alors résoudre une équation complexe : comment revenir dans les clous européens sans augmenter les impôts, ni plomber la consommation des classes moyennes.

Le gouvernement devra notamment trouver 10 milliards d’euros en supprimant des niches fiscales et sociales. L’exercice nécessitera du doigté pour ne pas renforcer le sentiment d’injustice au sein de l’opinion, d’autant que le gouvernement a déjà annoncé qu’il ne reviendrait pas sur le bouclier fiscal.

Remaniement - Enfin, la rentrée sera lourde d’incertitude pour les membres du gouvernement, un remaniement d'ampleur étant annoncé pour fin octobre (ou début novembre) après l’examen de la réforme des retraites.

Le sort du Premier ministre François Fillon, présent à Matignon depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée en 2007, alimente les spéculations depuis le début de l'été. "Quitte à remanier, il vaut mieux que ce soit spectaculaire pour que cela ait un sens", explique Gaël Sliman, directeur de l'institut BVA Opinion. Qui pourrait alors succéder à François Fillon ? Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie et du ministre de l'Environnement Jean-Louis Borloo. Mais encore une fois, François Fillon pourrait être le meilleur candidat à sa succession.

Parmi les ministres donnés partant figurent Bernard Kouchner (Affaires étrangères) et Patrick Devedjian (Relance), voire Hervé Morin (Défense), qui ne cache pas sa volonté de se lancer dans la campagne pour l'élection présidentielle de 2012.