Remaniement : les sortants entre aigreur et fatalisme

Même si un poste de commissaire européen lui semble promis, Pierre Moscovici peine à masquer son amertume après son éviction du gouvernement.
Même si un poste de commissaire européen lui semble promis, Pierre Moscovici peine à masquer son amertume après son éviction du gouvernement. © REUTERS
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Rémi Duchemin, avec David Doukhan et Sébastien Krebs
RECALES - Ceux qui n’ont pas été reconduits dans le gouvernement Valls peinent à masquer leur amertume.

Lors des remaniements, il y a ceux qui entrent, ceux qui changent de postes, et ceux qui sortent. Pour ces derniers, la pilule est forcément difficile à avaler. Après l’annonce de la composition du gouvernement, mardi. Et en attendant une deuxième vague, celle des secrétaires d’Etat, ils sont huit ministres de plein exercice et 15 ministres délégués à quitter la scène. Avec plus ou moins d’amertume.

"C’est le sélectionneur qui décide". "Forcément, j’aurais bien voulu éventuellement continuer, glisse ainsi à Europe 1 Philippe Martin, ex-ministre de l’Ecologie, qui file la métaphore footballistique. "C’est un joueur qui a commencé à jouer sur le terrain, puis l’entraîneur décide de le sortir pour en mettre un autre, parce que sa stratégie a changé. Moi, ma façon de réagir à ça, c’est de l’accepter. Je suis sportif dans l’âme, donc respectueux du fait que c’est le sélectionneur qui décide", explique celui qui devrait retrouver son poste de député du Gers.

Le désormais ex-ministre est-il dans le ressentiment ? "Ça, je le garde pour mes amis", glisse-t-il en guise de réponse. Puis, fataliste : "la vie est quelque chose dans laquelle on n’arrive jamais à finir ce qu’on voudrait commencer." Et maintenant ? "Je vais d’abord rentrer dans le Gers, revoir mes amis. Et essayer de préparer la nouvelle période qui s’ouvre et qui sera forcément joyeuse", assure-t-il.

"Forcément un sentiment d’injustice". D’autres acceptent leur sort avec moins de philosophie. Exemple : Pierre Moscovici qui, quand Europe 1 lui demande comment il va, se montre cinglant. "La psychanalyste, c’était ma mère, pas moi". Puis l’ancien ministre de l’Economie s’adoucit.  "J’ai toujours été sous estimé parce que je ne suis pas un homme de coups", regrette-t-il. Et si un poste de commissaire européen lui semble promis, il confie que le moment n’est "pas agréable".

Vincent Peillon, lui, se confie via son entourage. "Il savait qu’il allait partir. Alors depuis plusieurs jours, le sujet était devenu tabou, il n’en parlait plus", confie ainsi l’un de ses proches. "Il y a forcément un sentiment d’injustice. On a porté l’un des projets les plus difficiles de François Hollande", poursuit ce proche de celui qui a lancé la réforme contestée des rythmes scolaires.

D’autres, enfin, décrivent un goût d’inachevé. "C’est comme si vous construisiez une maison et quand vous posez le toit, tout s’effondre", confie ainsi une ministre qui a une loi sur le feu.

La deuxième fournée ? Ils y pensent, ou pas. Reste, pour certains, l’espoir d’être nommé  secrétaire d’Etat ou ministre délégué dans une deuxième vague d’annonce. Il y a ceux qui vont oeuvrer dans ce sens, et les autres. "Vous vous rendez compte, à mon âge, devoir faire la tournée des popotes pour me recaser!", s’emporte un ancien ministre. Philippe Martin, lui, ne fera pas des pieds et des mains. "Moi, je ne suis pas attaché absolument à la vie gouvernementale", assure l’ex-ministre de l’Ecologie. "Je ne m’arracherai pas pour essayer d’être secrétaire d’Etat dans la deuxième fournée."

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