Racisme : pourquoi Ayrault prend les choses en main

Fait inhabituel : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a saisi le procureur de la République de Paris lui-même, dès mardi, au sujet de la Une de l'hebdomadaire Minute.
Fait inhabituel : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a saisi le procureur de la République de Paris lui-même, dès mardi, au sujet de la Une de l'hebdomadaire Minute. © MaxPPP
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Alexandre Kara avec , modifié à
Le Premier ministre n'a pas a attendu la publication de Minute et de sa Une jugée raciste pour saisir la justice.

L'INFO. Fait inhabituel : le Premier ministre a saisi le procureur de la République de Paris lui-même, dès mardi, au sujet de la Une de l'hebdomadaire Minute, à paraître mercredi. Le parquet a ouvert une enquête le lendemain pour "injure publique à caractère racial", a appris Europe 1 de source judiciaire. C’est la Brigade de Répression de la Délinquance contre la Personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne qui est chargée de l’enquête.

Le contexte. "Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane", titre le magazine de droite, provoquant un immense tollé... et signant ainsi une nouvelle attaque jugée raciste contre la garde des Sceaux. Cette dernière avait d'ailleurs à cœur de percevoir la solidarité gouvernementale (et politique) sur ce sujet. Dans une interview publiée le 6 novembre dans Libération, elle regrettait ainsi qu'aucune "belle et haute voix (ne) se soit levée" pour pointer le danger pour "la cohésion sociale" que constituent les attaques racistes dont elle a été victime ces dernières semaines.

"Le racisme n'est pas une opinion". Le Premier ministre a ainsi voulu montrer mardi qu'il réagit et qu'il réagit vite. "Cette fois-ci, on ne pourra pas dire qu'on a eu du retard à l'allumage", confie un proche du Premier ministre à Europe1. "Le racisme n'est pas une opinion, mais un délit", insiste-t-on à Matignon, en réponse à ceux qui défendent la liberté de la presse.

Même tonalité à l'Elysée. Le président de la République n'a, lui, qu'un mot pour dénoncer cette Une : "scandaleux". "On a beaucoup transigé sur l'économie, mais pas question de transiger sur les valeurs", martèle un conseiller élyséen. "Il faut redonner des repères à notre électorat", renchérit-on au palais présidentiel.

La contre-attaque se prépare. "Ce n'est pas seulement Christiane Taubira qui est attaquée, pour sa couleur. C'est la République, c'est la France et ses valeurs qui sont attaquées", renchérit le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Place Beauvau, on voudrait d'ailleurs interdire ou limiter la diffusion de l'hebdomadaire, même si l'on y reconnaît que la procédure a peu de chance d'aboutir.

Mercredi matin, les ministres de l'Intérieur, la Justice et la Culture se réunissent à Matignon autour de Jean-Marc Ayrault, pour discuter de la réponse la plus appropriée.