Quelques conseils à Copé, ce "mal aimé"

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Benjamin Bonneau, avec Benjamin Harroch , modifié à
L’AVIS DE - Des experts analysent l’impopularité du patron de l’UMP. Et lui proposent des remèdes.

Les sondages se suivent et le constat est toujours le même pour Jean-François Copé : sa personnalité ne semble pas passer auprès des Français. Selon une enquête BVA, publiée dimanche dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, 73% des personnes interrogées ont ainsi "une mauvaise opinion" du patron de l’UMP. Ce qu’ils lui reprochent ? 78% le jugent "trop perso", 66% "arrogant", 70% "arriviste", 60% "démagogique" et "autoritaire", 56% "antipathique", 54% "sectaire". "Bien sûr, je préférerais avoir de meilleurs sondages ! Je demande aux Français de me juger dans la durée", a réagi le député-maire de Meaux, lundi, dans Le Figaro. Pas suffisant pour changer la donne. 

>> Europe1.fr a donc sollicité des experts pour délivrer quelques conseils au président de l’UMP, qui se rêve un destin présidentiel.

LE DIAGNOSTIC. Stephen Bunard est synergologue, discipline qui permet d'appréhender l'esprit humain à partir de la structure de son langage corporel. Pour lui, Jean-François Copé, d’un point de vue corporel, "c’est presque Monsieur parfait." Tout est dans le "presque"... "Comme Nicolas Sarkozy, il est très expressif, et cela peut lui nuire car les gens peuvent se dire qu’ils ont déjà eu l’original, donc quel intérêt de voter ensuite pour la copie ?"

Ce phénomène, appelé "introjection" en psychanalyse, n’est pas le seul problème de Jean-François Copé. "C’est l’homme politique qui bouge le plus les sourcils ! Ils sont là pour attirer l’attention sur un élément important du discours. Mais comme il les bouge tout le temps, il donne le sentiment que tout ce qu’il dit est d’une grande importance. Et paraît ainsi arrogant."

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>> Les solutions proposées. Que Jean-François Copé se rassure : Stephen Bunard a sa petite idée pour le rabibocher avec les Français. Le patron de l’UMP doit "cesser de vouloir les convaincre à tout prix, c’est contre-productif. Il lui faut aussi s’efforcer d’être sincère car comme il est très expressif, on lit en lui comme dans un livre ouvert et l’insincérité se sent." Un dernier conseil pour la route : "arrêtez d’avoir un avis sur tout Mr Copé !"

LE DIAGNOSTIC. Pour Philippe Moreau Chevrolet, spécialiste en communication politique, Jean-François Copé est "au même stade que Jacques Chirac après sa défaite à l'élection présidentielle de 1988, il est dans une impasse". Comme son illustre aîné à cette époque, Jean-François Copé apparaît aujourd’hui "trop éloigné des Français et de leurs préoccupations quotidiennes". 

>> Les solutions proposées. Pour changer cette image, Philippe Moreau Chevrolet lui conseille d’abord de "changer son look d’énarque et d’abandonner son langage de jeune loup." Il l’enjoint aussi à "délaisser Paris pour sillonner la France et ses terroirs". Mais ce n’est pas tout. Sur le fond aussi, Jean-François Copé a du pain sur la planche. Le patron de l’UMP doit "clarifier son positionnement politique", estime notre politologue. Tantôt "droitier", tantôt "ouvert", comme lors de son passage dans l’émission politique de France 2 "Des paroles et des actes" début octobre, Jean-François Copé va devoir trancher. "S’il veut que les gens l’aiment, il faut d’abord qu’ils le comprennent, et c’est loin d’être le cas aujourd’hui", résume-t-il. Dernier point à corriger, et non des moindres : la vision. "Jean-François Copé ne doit plus faire de la politique au coup par coup. Il doit être dans le long terme pour lui et pour la France, il lui manque une stratégie", juge Philippe Moreau Chevrolet.   

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LE DIAGNOSTIC. Mariette Darrigrand est sémiologue et s’intéresse donc aux mots. Quant aux maux de Copé, ils sont "politiques avant d’être cosmétiques. C’est un Juppé qui n’a pas connu d’épreuve", estime-t-elle, le décrivant comme "arrogant, brillant, calculateur". Difficile pour elle d’analyser le  patron de l’UMP car "il n’a pas de style linguistique".

>> Les solutions proposées. Pour rebondir, Mariette Darrigrand a tout de même un petit conseil à donner à Jean-François Copé : "il n’a pas de mots à lui, il ne fait que recycler ce qui existe déjà. Il doit trouver son style linguistique, sa marque de fabrique." Mais pour "se faire un style", le choix des mots ne suffit pas, "il faut aussi des idées politiques, ce dont il manque actuellement", juge-t-elle.

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LE DIAGNOSTIC. Arnaud Mercier est politologue et spécialiste des réseaux sociaux. Pour lui, Jean-François Copé "récolte les fruits de sa stratégie. Il a conquis la présidence de l’UMP à la hussarde, alors qu’il souhaitait en faire un tremplin. Maintenant, il laboure le terrain militant pour restaurer sa légitimité, donc il a musclé son discours sur sa droite, quitte à se froisser avec le reste des Français", décrypte-t-il, jugeant cette stratégie "cohérente, même s’il part de loin et qu’il doit reconstruire son image sur un champ de ruines."

>> Les solutions proposées. Pas d’affolement pour Arnaud Mercier. Si les sondages se suivent et se ressemblent pour le leader de l’UMP, l’heure devrait être à la dédramatisation. "Le seul conseil à lui donner, c’est de serrer les dents et d’attendre son tour. S’il pense à 2017, il fait complètement fausse route. Il doit occuper l’espace pour le coup d’après, c'est-à-dire 2022. Et quand le moment sera venu, il aura tout intérêt à avoir un discours un peu moins radical."

LE DIAGNOSTIC. Roland Gori est, lui, psychanalyste. Jean-François Copé, il ne l'a jamais vu s'allonger sur son divan mais il le connaît pour avoir participé à une table ronde avec lui. Et a depuis suivi son parcours. Lors de l'émission Des paroles et des actes, en octobre sur France 2, le patron de l'UMP avait été apostrophé par une femme en colère, dont le témoignage avait largement ému.. mais pas tout le monde. "Copé, d'abord sidéré, l'a laissé parler puis, quand il a pris la parole, c'était pour dérouler son programme ! Il ne lui a pas répondu", analyse ce psy. Sa conclusion est sévère : "on sent qu'il n'a pas cette écoute, ce 'faire-semblant' que pouvait avoir Chirac. Il est toujours dans la performance, la rhétorique pure et apparaît donc froid insensible, technique, manquant d'empathie." Et de conclure : "il est un entrepreneur de sa propre personne."

>> Les solutions proposées. Faire de jolis discours et connaître ses dossiers sur le bout des doigts ne suffira pas à Jean-François Copé pour séduire les Français. Notre psychanalyste a une solution radicale pour y remédier : "qu'il parte faire de l'humanitaire ! Il doit se laisser toucher par la misère humaine, ouvrir un peu son coeur, laisser parler sa sensibilité, car ce sont des valeurs importantes pour les gens".