Que retenir de la conférence de Hollande ?

François Hollande en pleine conférence de presse.
François Hollande en pleine conférence de presse. © Reuters
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François Hollande a joué le jeu de la conférence de presse, mardi.

>>> L'AMBIANCE

Il était "impatient", et cela s’est vu. Après un propos liminaire d’une quarantaine de minutes, François Hollande a répondu aux questions des 400 journalistes présents. Au total, son intervention dans la salle des fêtes de l’Elysée aura duré 2h24. Seul François Mitterrand a fait plus long, en 1984, avec une prestation de 2h37.

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Alternant gravité et humour, le chef de l’Etat n’a esquivé aucun sujet et a cherché à rassurer les Français, alors que sa cote de confiance est au plus bas. Un exercice de présidentialisation que n’aurait pas renié son prédécesseur… "Je suis un président aujourd'hui responsable, pleinement responsable, responsable de tout mais qui ne décide pas de tout".

>>> LES DIX DÉCLARATIONS A RETENIR

• Ses objectifs - "Toute ma stratégie, toute ma politique, c'est une mobilisation contre le chômage", a-t-il lancé, répétant son intention d’"inverser la courbe du chômage fin 2013". Et de conclure : "Une politique n’est pas une accumulation de propositions et de mesures aussi fortes soient elles (...) c’est une cohérence (...) Ma mission : parvenir à redresser la croissance et a réduire le chômage. C’est sur ses seuls résultats que je demande à être jugé."

• Gaz de schiste. "Il y a eu une loi en 2011 qui interdit la fracturation hydraulique. Tant qu’il n’y aura pas d’autres techniques, il n’y aura pas d’exploitation. J’ai fixé le cap et je m’y tiens", a tranché le président, avant de glisser, tout de même,  qu'il "prendr(ait) ses responsabilités" si une nouvelle technique apparaissait.
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• Mariage pour tous. "Il y a un besoin de temps pour le débat pour que toutes les croyances et toutes les sensibilités soient respectés", a-t-il reconnu pour expliquer le report de l’examen de ce texte. Le chef de l’Etat a également répondu à ceux qui, dans l’opposition, assure qu’ils reviendront sur cette loi en 2017 en cas d’alternance : "Je ne suis pas convaincu que si c'est la droite, qui après-demain ou encore plus tard, accède aux responsabilités, elle reviendra sur cette réforme, pas plus que la droite espagnole est revenue sur ce qu'avait fait le gouvernement Zapatero là-dessus".

• TVA. La "refonte de la TVA" prévue par le "pacte de compétitivité permettra de régler une fois pour toutes la question de la TVA dans la restauration" à 10%.

• Le "Hollande bashing". "Je traduis cette expression, 'punching ball', peut-être, suggère d'abord le président.Très critiqué par la presse, le chef de l'Etat "n’est touché par rien. Cela fait partie de la démocratie. Je ne pense pas que les Français se déterminent par rapport à ces impressions."
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• Les couacs. "Est-ce que je me pose la question de savoir si on fait des erreurs ? On fait toujours des erreurs. Et le premier qui en est responsable, c'est moi. Ce n'est pas le Premier Ministre, ce ne sont pas les ministres, c'est moi, parce que je suis celui que les Français ont élu". François Hollande a également rappelé "toute sa confiance" à son Premier ministre, le qualifiant de "sérieux, loyal, dévoué et concret".
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• Droit de vote des étrangers. Le président a rappelé que ce texte est "une réforme constitutionnelle et donc il faut la majorité des 3/5e qui n'est pas aujourd'hui constituée. Quand elle sera envisagée, je prendrai mes responsabilités mais pas avant car si c'est pour présenter un texte qui risque de diviser les Français et que je risque de ne pas pouvoir passer, je m'y refuse." Dans le cas contraire, envisage-t-il d’en passer par la voie référendaire ? "Si nous n'aboutissons par la voie parlementaire, je verrai dans qu'elle état est la société. Mais aujourd'hui, ce n'est pas mon intention."
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• Solidarité gouvernementale. Confronté à quelques écarts de membres de sa majorité, et notamment des écologistes, le chef de l’Etat a rappelé les règles du jeu, avec fermeté : "Je ne souhaite pas qu'un seul parti gouverne notre pays. Et donc, il y a trois partis qui sont représentés au gouvernement, le Parti socialiste, les écologistes et les Radicaux de gauche. Je leur demande d'être à la fois ce qu'ils sont, d'apporter leur singularité et d'être solidaires".

• L’international. "J'annonce que la France reconnaît la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al-Assad". Interrogé sur la situation au Sahel, le chef de l’Etat a assuré qu’"en aucun cas, la France n'interviendra elle-même au Mali.

>>> QUAND HOLLANDE JOUE L'AMUSEUR

La solennité du moment n’a pas fait oublier au président son sens de l’humour. Jamais aussi à l’aise que quand il se retrouve face à des journalistes, François Hollande n’a pas résisté au plaisir de faire rire son auditoire. Et il sait y faire. Alors quand ça langue fourche, là où d’autres rectifieraient fissa, lui en joue : Sur la règle des "3% de croissance, pardon, de déficit. De croissance, j'aimerais bien." Rires nourris dans la salle.

Nicolas Sarkozy était un grand consommateur de sondages, alors que François Hollande a une nouvelle fois répété que ce n’était pas son cas. Pourquoi ? 3Il y en a suffisamment pour que je sois informé. Je remercie les organes de presse d'en faire, ça contribue à faire des économies [à l'Elysée]", lance-t-il aux journalistes, hilares.

Ces mêmes journalistes ont longtemps évoqué, parlant du rapport Gallois, l’expression "choc de compétitivité", que le gouvernement a remplacé par "pacte". L’occasion d’un bon mot de plus : "On m'a dit ‘il faut faire un choc’? ça faisait chic il paraît mais l'économie n'aime pas les chocs". Et au moment de conclure, alors que tout le monde s’active pour s’emparer du micro et s’adresser au chef de l’Etat, c’est ce dernier qui prend les choses en main : "Je suis obligé de faire l'animateur, monsieur là, puis madame, et après c'est fini"