Propos anti-Allemagne : Bartolone recadré

Michel Sapin, ministre du Travail, a critiqué dimanche l'offensive anti-allemande du PS, en estimant que "le terme de confrontation était totalement inapproprié" et qu'il fallait éviter "les mots qui blessent".
Michel Sapin, ministre du Travail, a critiqué dimanche l'offensive anti-allemande du PS, en estimant que "le terme de confrontation était totalement inapproprié" et qu'il fallait éviter "les mots qui blessent". © Maxppp
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Michel Sapin et Manuel Valls ont vivement fustigé les appels à la "confrontation" avec Berlin.

Le recadrage. "Le terme de 'confrontation' utilisé ces derniers jours est totalement inapproprié, inadapté. C'est même un contresens vis à vis des relations entre la France et l'Allemagne", a martelé Michel Sapin, invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien/i>Télé. Le ministre du Travail réagissait aux virulentes critiques du PS à l'encontre d'Angela Merkel, notamment celles de Claude Bartolone, qui a employé le mot controversé.

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"Il ne s'agit pas de se confronter à un pays, l’Allemagne, ce qui ramènerait aux pires images du passé. Il s'agit encore moins de se confronter avec une personnalité, Angela Merkel, mais de débattre en Europe, à 27, de la meilleur politique possible pour faire en sorte que l'Europe retrouve la croissance et assainisse ses finances", a poursuivi Michel Sapin. "Parler de confrontation est une erreur de mot et même de concept", a tranché Michel Sapin. "Si on veut que le débat ait vraiment lieu, il faut éviter les mots qui blessent. Je suis le ministre du dialogue social, pas de la confrontation sociale".

Valls s'y met aussi. "Ces propos sont irresponsables, démagogiques et nocifs. Ils risquent de mettre en très grande difficulté la relation historique entre nos deux pays, essentielle pour l’avenir de l’Union", a également fustigé dimanche le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, visant lui aussi le président de l'Assemblée nationale. "Il ne peut pas y avoir de recherche d’un bouc émissaire qui aurait le visage d’Angela Merkel. Si elle gagnait les élections en septembre, que ferions-nous? Nous déclarerions la guerre à l’Allemagne?", s'est interrogé Manuel Valls, remonté, dans une interview au Parisien.

claude bartolone

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Pourquoi sont-ils si remontés ? Jeudi, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, avait soutenu qu’il fallait envisager une "confrontation" pour obtenir un infléchissement de la politique d’austérité prônée par l’Allemagne d'Angela Merkel. Si François Hollande "appelle cela la "tension amicale (pour qualifier la relation franco-allemande, ndlr), pour moi c’est la tension tout court, et, s’il le faut, la confrontation", avait lancé Claude Bartolone, interviewé dans Le Monde. Et le lendemain, le PS est venu remettre de l'huile sur le feu, en appelant à un "affrontement démocratique" avec la droite allemande. Dans un long texte publié vendredi, les socialistes ont ainsi fustigé "l'intransigeance égoïste" de la chancelière allemande Angela Merkel, avant d'annoncer la suppression de ce document sous la pression de Jean-Marc Ayrault.

Le gouvernement solidaire. Au sujet de la réaction de Jean-Marc Ayrault à cette polémique, qui s'est contenté de tweeter en allemand, Michel Sapin parle d'ailleurs "d'une vraie prise de position". "Ces tweets ne sont pas des gazouillis", assure le ministre du Travail. Le Premier ministre avait déclaré sur le réseau social, en allemand, que que "l'amitié franco-allemande" était "indispensable". "On ne résoudra pas les problèmes de l'Europe sans un dialogue intense et sincère entre la France et l'Allemagne", avait-t-il martelé.

Bartolone persiste et signe. Dimanche après-midi, Claude Bartolone, pas du genre à se laisser abattre, a ironisé sur les réactions à ses propos dans un billet intitulé "tempête dans un verre d'eau". Il a dénoncé une forme "d'emballement, de panique même", une "convulsion un peu loufoque", et formulé plusieurs recommandations. "Que les ministres qui s'offusquent des positions émanant des parlementaires se concentrent un peu moins sur le commentaire de celles-ci et un peu plus sur l'état d'avancement de leurs dossiers. Beaucoup reste à faire", a-t-il ainsi dénoncé.