Pour le FN, Bruel "fait le beau"

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Le chanteur a annoncé qu’il ne se produirait pas dans les villes qui ont élu un maire FN. Le parti frontiste s’en accommode.

Il persiste. Comme en 1995, Patrick Bruel n’ira pas chanter dans les villes qui ont élu lors des dernières élections municipales un maire étiqueté Front national. Le chanteur, qui s’explique dans le magazine Technikart, ne se rendra donc pas à Fréjus, Béziers ou Hénin-Beaumont. De son côté, le parti frontiste ne se montre pas franchement désespéré par ce boycott, qu’il commente avec humour, pointé d’une teinte d’agacement.

"Pas devant une institution dont je méprise l’idéologie". "Je peux comprendre que des électeurs désespérés répondent à un discours populiste", explique Patrick Bruel dans Technikart. Mais je ne veux pas me produire devant une institution dont je méprise l'idéologie", explique-t-il frontalement.

"Un cadeau que nous faisons à ces habitants". Pour commenter ce boycott, le Front national a volontiers manié l’ironie. "C’est plutôt un cadeau que nous faisons aux habitants de ces villes", a souri Florian Philippot, vice-président du Front national, vendredi sur iTélé. "Certes, il a des fans, peut-être. Je ne sais pas s’il en a encore beaucoup", a-t-il taclé.

Même ton railleur dans un tweet de Louis Aliot, autre numéro deux du FN.

"C’est faire le beau de dire ça". Une fois l’ironie passée, Florian Philippot a eu du mal à dissimuler son agacement sur iTélé. "Je trouve ça un peu étonnant de la part d’un artiste de se mêler à la politique. Chacun ferait mieux de s’occuper de ses affaires", a estimé le numéro 2 du FN. "Je ne trouve pas ça très respectueux pour ses fans, s’il en a. Il a en a peut-être dans les villes Front national, il en a peut-être qui votent Front national. Je trouve que c’est un manque de respect. Il devrait respecter leur choix politique, leur intelligence, leurs convictions. Et ne pas se mêler de faire le beau. Parce que c’est faire le beau de dire ça. C’est s’assurer des médias, c’est s’assurer facilement de faire sa 'BA'. Je trouve ça facile, je ne trouve pas ça très, très digne", a-t-il insisté.  

(A partir de 58 secondes)

Déjà, en 1995. Ce n’est pas la première fois que Patrick Bruel boycotte des villes FN. En 1995 déjà, il avait annulé des concerts à Toulon et Orange, tombés dans l’escarcelle du parti d’extrême droite. Ce qui lui avait valu un commentaire cinglant de Jean-Marie Le Pen. Le président du FN de l’époque avait qualifié "le chanteur Benguigui (le vrai nom de Patrick Bruel)" d’"histrion". "Je ne crois pas qu’on en mourra à Toulon. Ça ne va pas empêcher la mer Méditerranée d’être bleu, ni le ciel, j’espère", avait-t-il ironisé. "Ces jappements de chiots mal lavés et mal élevés n’empêchera pas le Front national de continuer son action politique."