"Pour être ministre, il faudra être moine"

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avec Antonin André , modifié à
La droite se divise autour d'un éventuel un projet de loi sur les conflits d'intérêts voulu par le Président.

La majorité vient de trouver un nouvel objet de débat : les conflits d'intérêts. Nicolas Sarkozy s'est engagé à faire voter une loi dès cette année sur le sujet. Parmi les mesures les plus fortes concernant les ministres, une déclaration de leurs revenus complémentaires et prises de participations financières dans des sociétés privées. Mais au sein de l'UMP, la question est loin de faire l'unanimité.

Fillon fustige un point "anti-démocratique"

Jeudi, François Fillon s'est lui-même montré très critique sur un point du rapport. Selon le Premier ministre, la proposition "qui consisterait à interdire à un membre du gouvernement d'être responsable d'un parti politique" est "assez curieuse". "C'est juste le contraire de la démocratie", a-t-il lancé. "Dans toutes les grandes démocraties modernes qui sont des démocraties parlementaires, les ministres sont d'abord des responsables de partis. En général, le Premier ministre est même le président de son parti. C'est donc une proposition qui m'étonne un peu et a une sorte de connotation technocratique qui vous fait comprendre que je n'ai pas l'intention de la retenir", a encore tranché le chef du gouvernement.

"On n'a pas besoin d'une loi"

Mardi, Jean-François Copé exprimait aussi des réserves sur la question. Le nouveau secrétaire général du parti présidentiel n'est pas favorable à l'une des mesures proposées, et qui fait notamment écho à l'affaire Woerth-Bettencourt : l'obligation pour les ministres de déclarer les fonctions de leurs conjoints, notamment quand il s'agit d'activités "qui risquent d'être polluantes ou dangereuses". "On n'a pas besoin d'une loi pour cela", estimait Jean-François Copé sur Europe 1.

Même son de cloche chez Gérard Longuet, accusé de conflit d'intérêts avec GDF-Suez par Martin Hirsch. Le député met en garde dans Les Echos contre le risque de "sombrer dans la République du soupçon généralisé et de la délation". "Si l'on pousse la logique jusqu'au bout, un élu n'aurait pas le droit de voter une loi fiscale puisque, payant des impôts, la loi qu'il va voter aura une influence directe sur ses revenus. C'est absurde", insiste-t-il.

"J'agis en mon âme et conscience"

Olivier Dassault, député et co-dirigeant du groupe d'armement du même nom, assure ne pas avoir besoin d'une loi pour distinguer ses intérêts personnels et l'intérêt général. "J'agis en mon âme et conscience pour la défense des intérêts supérieurs de la nation avant toute chose", indique-t-il sur Europe 1. Le député précise ainsi qu'il s'abstient de voter lors de l'examen de la loi de programmation militaire.

"Une exigence de transparence"

Rares sont ceux à droite qui soutiennent la démarche de Nicolas Sarkozy. Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, pointé du doigt dans l'affaire du Mediator, en fait néanmoins partie. "C'est une exigence de transparence. C'est la seule façon qu'il y ait de la confiance entre nos concitoyens et leurs responsables", a déclaré le ministre.

La gauche dénonce de son côté la timidité et le manque de crédibilité de l'UMP sur le sujet. "Il est un peu dommage d'attendre la pression des événements et la fin d'un quinquennat pour traiter d'un sujet de cette nature", estime le député PS Pierre Moscovici.