Placé isolé dans son propre camp

Jean-Vincent Placé est lâché par ses collègues écologistes.
Jean-Vincent Placé est lâché par ses collègues écologistes. © Charles Platiau / Reuters
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Les écologistes ne cautionnent pas les propos du sénateur sur leur présence au gouvernement.

"Nous nous posons la question de savoir ce que nous faisons au sein du gouvernement. (...) De plus en plus, les écologistes s'interrogent". Cette phrase lâchée vendredi par le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé a agité le microcosme politique toute la journée. Et ébranlé un peu plus la solidité de la majorité.

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Quelle mouche a bien pu piquer le président du groupe Europe Ecologie – les Verts au Sénat ? Fin septembre, alors que sa formation avait décidé de voter non au traité européen, c’est lui qui était monté au créneau pour exclure toute sortie du gouvernement de Pascal Canfin et Cécile Duflot, les deux écologistes titulaires d’un maroquin. Mais le rapport Gallois a apparemment du mal à passer. Habile politique, le Richelieu des Verts a toutefois commis une erreur : employer le "nous". Et son rétropédalage n'a rien changé.

Les propos de Placé "n'engagent que lui"

Chez les écolos, il fait en effet bien chercher pour trouver quelqu’un sur la même ligne que lui. On l’a trouvé : Noël Mamère. "Je ne me vois pas tenir 5 ans à avaler des couleuvres une fois par semaine!", a déclaré le député écologiste sur  BFMTV. C’est tout, et c’est maigre.

Peu avant midi, le porte-parole Jean-Philippe Magnen tranchait, lui,  avec fermeté : les propos de Placé "n'engagent que lui". "Nous ne sommes pas sur un strapontin, nous sommes légitimes. Nous avons fait le choix d'assumer une coalition avec nos convergences", a-t-il argumenté auprès de l'AFP.

Pascal Durand, EELV

Pascal Durand, patron d’Europe Ecologie – les Verts, partage-t-il les propos de Jean-Vincent Placé? "Non, clairement non. Je crois que chacun doit se garder de propos trop définitifs ou d'emportements passagers", répond-t-il dans un long entretien au JDD.fr.  "Le concert des petites phrases, ça fait parler des uns et des autres, mais ça n'aide pas le travail collectif", a-t-il tancé.

"Je crois qu'il n'y a que lui qui s'interroge"

François de Rugy, co-président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, a quant à lui assuré qu'il ne "s'interrogeait pas" sur la place des écologistes dans la majorité. Le député de la Loire-Atlantique, s’il admet "quelques sujets de crispation" et des "troubles", estime qu'"on ne fait pas le bilan en quelques mois". "Je ne céderai pas à l’immédiateté", a-t-il tranché.

Le député européen EELV Yannick Jadot ne dépareille pas dans ce concert de critiques. "Qu’il faille, au sein des mouvements, des personnes qui poussent un peu plus loin, d’accord. Mais si on interroge en permanence notre participation au gouvernement, il y a un problème. Etre exigeant vis-à-vis des socialistes, ce n’est pas menacer de partir tous les matins !", a taclé ce proche de Nicolas Hulot sur le site du Nouvel Obs. "Je crois qu'il n'y a que lui qui s'interroge", a ironisé Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, sur France Info. Et il n’était donc pas loin de la vérité.