On entend beaucoup trop l’UMP

Depuis le 19 novembre, les médias d'information consacrent une très grande partie du temps de parole échu aux personnalités politiques à l'UMP.
Depuis le 19 novembre, les médias d'information consacrent une très grande partie du temps de parole échu aux personnalités politiques à l'UMP. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
DECRYTPTAGE - L’omniprésente guerre des chefs déséquilibre le temps de parole. Le CSA veille.

• Le contexte. Depuis le 19 novembre, les médias ne parlent quasiment que de ça. La guerre des chefs à l’UMP squattent les antennes depuis maintenant 10 jours. Une omniprésence qui n’est pas sans conséquence sur les calculs des temps de parole des personnalités politique. Europe1.fr fait le point avec Francine Mariani-Ducray, vice-présidente du groupe de travail pluralisme campagnes électorales.

• La règle. Depuis une délibération du 21 juillet 2009 sur le principe du pluralisme politique à la radio et à la télévision, la règle des 50% prévaut. "Hors période électorale, l’opposition parlementaire doit disposer d’au moins la moitié du temps de parole de la majorité parlementaire, du gouvernement et du président de la République quand il participe au débat de politique nationale", explique Francine Mariani-Ducray.

Cette norme s’accompagne d’une autre règle. "La décision de juillet 2009 résulte du principe de majorité : la majorité parlementaire doit rester majoritaire sur les antennes", reprend l’un des neuf sages du CSA. En clair, le taux de temps de parole de l’opposition ne doit pas excéder les 100% du temps de parole de la majorité.

• Les faits. Inutile de tenir le chronomètre pour constater que l’UMP truste une très large partie des sujets politiques sur les ondes depuis le 19 novembre. "Ça se voit et ça s’entend de manière presque intuitive", reconnaît Francine Mariani-Ducray. "Mais nous sommes évidemment conscients que l’actualité impose de consacrer beaucoup de temps à l’UMP."

csa-pretexte

• Les suites. Aucune décision de la part du CSA n’est attendue avant la mi-janvier. D’une part parce que l’instance raisonne en termes de trimestre ou de semestre, et qu’elle fera les comptes des temps de parole au 31 décembre. D’autre part parce que le CSA reçoit les relevés des radios et des chaînes de télévision dans le courant du mois suivant le mois écoulé. Il n’a ainsi entre les mains les chiffres d’octobre que depuis quelques jours.

• En  attendant janvier. Cela n’empêche par l’organisme de veiller au grain. "Nous sommes attentifs et vigilants", assure Francine Mariani-Ducray. Et si novembre devrait montrer une surreprésentation de l’UMP sur les antennes, cela pourrait compenser le mois d’octobre, où "on a pu remarquer que l’opposition parlementaire était très en deça des 50%", précise la membre du CSA.

Le CSA ne se prive pas de mettre officieusement en garde les chaines et les radios. "Si nous constatons de très lourds écart de temps de parole, nous le signalerons dans le cadre d’un dialogue informel que nous avons en permanence avec les chaînes et les radios", explique Francine Mariani-Ducray. Et les rédactions auront jusqu’au 31 décembre pour rectifier le tir. Il y a donc fort à parier que la majorité soit beaucoup plus présente sur les antennes au mois de décembre.

• Le précédent de 2011. En septembre 2011, la couverture de la primaire socialiste avait entraîné les chaînes vers un abus comparable à la situation actuelle. "Le temps de parole de l’opposition sur certaines antennes dépassait largement les 100%", rappelle Francine Mariani-Ducray. A tel point qu’à la réception des chiffres, à la mi-octobre, le CSA avait mis en demeure trois chaînes de télé et deux radios (dont Europe 1).

15.09-débat-primaire-PS_930

Surtout, à l’époque, la droite avait bruyamment manifesté son mécontentement face à cette situation. Plusieurs députés UMP avaient ainsi écrit à Michel Boyon, président du CSA, pour se plaindre, dont Eric Raoult ou Franck Riester. Ce dernier estimait ainsi que "le Parti socialiste "violait en toute impunité depuis plusieurs mois l'expression du pluralisme politique à la radio et à la télévision et dénonçait une "situation profondément révoltante qui ne peut durer". Pour l’instant, le parti socialiste n’a lui pas bronché.