Nucléaire : les Verts montent au créneau

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Fabienne Cosnay avec AFP , modifié à
Arnaud Montebourg a affirmé que "le nucléaire est une filière d'avenir", suscitant un tollé chez EELV.

Après le traité européen, le sujet risque de jeter un froid entre le PS et Europe-Ecologie-Les Verts. Invité de BFM TV, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg a affirmé dimanche que "le nucléaire est une filière d'avenir" tout en reconnaissant qu'il fallait qu'il soit "rééquilibré".

Le nucléaire, "'une énergie abordable"

Interrogé sur les promesses du candidat François Hollande de réduire le nucléaire en France, Arnaud Montebourg a affirmé que "la réduction (du nucléaire) se conjugue dans une équation à deux chiffres : la quantité de ce que l'on consomme chaque année, qui augmente, et l'offre".

"Nous avons besoin d'énergie et pas trop chère", a-t-il expliqué, et "la France a un atout extraordinaire entre ses mains (avec ses centrales nucléaires) qui lui a permis de bâtir son industrie". Grâce au nucléaire, l'industrie française a pu "passer les épreuves, y compris les chocs pétroliers, la crise...", a ajouté le ministre du Redressement productif, assurant que le nucléaire était " une énergie abordable".

Des propos "isolés" ?

La réponse d'Europe-Ecologie-Les Verts n'a pas tardé. A travers son porte-parole, Jean-Philippe Magnen, le parti écologiste a fait part de son étonnement y voyant des "propos isolés". "Nous réagissons en n'attachant pas plus d'importance que cela" au propos d'Arnaud Montebourg "que nous connaissions déjà comme étant pro-nucléaire", a déclaré Jean-Philippe Magnen. "Il s'agit de propos isolés, nos interlocuteurs restent le Premier ministre, le président de la République et le PS", a-t-il ajouté.

Pourtant, Manuel Valls, a soutenu lundi son collègue du gouvernement, en assurant comme lui que l'énergie nucléaire est "incontestablement" et "évidemment" une filière d'avenir. Interrogé par Europe 1, il a rappelé cependant les engagements de François Hollande "de réduire la part du nucléaire, à l'horizon 2025", dans le mix énergétique. "Nous avons besoin de nucléaire, même si on réduit, dans la décennie qui vient, sa part. Nous avons besoin de renouveler nos centrales nucléaires, ses différentes filières", a commenté Manuel Valls.

Pas d'engagement du PS

"Le président a pris un certain nombre d'engagements de réduire la part du nucléaire", rappelle Jean-Philippe Magnen. Pendant sa campagne, le candidat Hollande n'a eu de cesse de répéter son engagement à réduire à 50% - contre 75% actuellement - la part du nucléaire dans la production d'électricité, à l'horizon 2025.

En revanche, il n'avait pas repris dans ses 60 engagements le volet de l'accord de gouvernement PS-EELV prévoyant la fermeture progressive d'une vingtaine de réacteurs nucléaires. Le président a déclaré qu'il fermerait durant son quinquennat une seule centrale, celle de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc nucléaire hexagonal.

"En décalage total avec la réalité"

Le député EELV de Paris et vice-président de l'Assemblée nationale, Denis Baupin lui a emboîté le pas, regrettant "une profession de foi en décalage total avec la réalité". "La France ne peut rester, comme à l’époque du minitel ou du Concorde, accrochée à une technologie dépassée et doit au contraire préparer la reconversion.

L’avenir du nucléaire, c’est avant tout la gestion de 'l’après', écrit le vice-président de l'Assemblée nationale dans un communiqué, invitant le ministre du Redressement productif à "aller rendre visite aux habitants et élus de Fukushima".

Remise en cause des accords PS-EELV ?

De son côté, Noël Mamère a vu dans les propos d'Arnaud Montebourg "une provocation". "C'est très inquiétant de voir ces déclarations de quelqu'un qui n'est pas isolé, qui est un membre important du gouvernement, qui est le ministre de l'industrie qui a la responsabilité de tout ce qui concerne le secteur de l'énergie", a insisté le responsable Europe Ecologie-Les Verts.

"S'il n'y a pas d'explication et s'il n'y a pas de remise en cause des déclarations de M. Montebourg, nous serons en droit, nous, écologistes, de nous interroger sur la validité des accords que nous avons passés dans cette majorité", a ajouté Noël Mamère. Arnaud Montebourg a assuré dimanche sur BFMTV que "le nucléaire est une filière d'avenir" tout en reconnaissant qu'il fallait qu'il soit "rééquilibré".