Maxime Verner, il veut être président

© Maxime Verner
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Plana Radenovic , modifié à
PORTRAIT - A 21 ans, cet étudiant en communication se proclame "candidat de la jeunesse".

"Maxime Verner n’a que 10 minutes à vous accorder", nous renseigne son attachée de presse. A 21 ans, le jeune homme a déjà un agenda millimétré, comme un pro : vendredi, il enchaînera les interviews de 14h à 20h. "Je n’ai même pas eu le temps de bouffer", confie-t-il à Europe1.fr. Maxime Verner avait annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle, le 22 décembre dernier. Mais cette annonce était un peu passée inaperçue... jusqu'à la publication jeudi de 89 propositions en faveur de la jeunesse, réunies dans un livre, Jeunes de tous les âges, unissons-nous, aux éditions Max Milo.

L’autoproclamé "candidat des jeunes" défend une "ambition assumée au service de la jeunesse". Dans son programme, un "service public national du permis de conduire" pour rendre gratuite la formation à cet examen ou un "fonds de solidarité pour l'entrée dans l'emploi", qui permettrait de financer la recherche d'emploi des jeunes à la sortie de leurs études à hauteur de 400 euros mensuels. Ou encore, la création d’un ministère d’Etat à la Jeunesse, dont le représentant n’aurait pas plus de … 35 ans.

Candidat aux municipales à 18 ans

Et il ne doute pas un seul instant de sa capacité à réunir les 500 parrainages nécessaires pour valider sa candidature pour 2012 : "sinon je n’irais pas", dit-il simplement.

Son parcours politique très précoce ne peut que justifier son assurance, qui pourrait passer, au premier abord, pour de l’inconscience. Le jour de ses 18 ans, le 11 septembre 2007, il se rend à la mairie de Bron, ville de banlieue lyonnaise où il est né et a vécu avant de venir à Paris, pour officialiser sa candidature aux municipales. Il se présente alors sous la bannière du Rassemblement social démocrate, parti de Rachid Nekkaz, qui avait lui-même tenté de se présenter à la présidentielle de 2007, en vain.

Aujourd’hui candidat –outsider- à la primaire socialiste en vue de 2012, Rachid Nekkaz est devenu le mentor en politique de Maxime Verner. A leur première rencontre, ce dernier avait à peine 16 ans. "Il m’avait écrit une lettre pour qu’on se rencontre". "Quand je l’ai vu, j’étais sidéré : je m’attendais à voir un lycéen, j’ai vu un jeune adulte", se souvient Rachid Nekkaz. Maxime Verner intègre rapidement le sillage de Rachid Nekkaz. Et devient son directeur de campagne pour les législatives de 2007.

"Pas de cadeaux dans ce milieu-là"

A Bron, Maxime Verner apprend sur le tas la politique politicienne. "C’était une campagne très difficile", se souvient son père, Jean-Didier Verner, contacté par Europe1.fr, "personne ne fait de cadeau dans ce milieu-là". La presse non plus : à l’époque, L’Express fustige ses méthodes "peu orthodoxes". "Il a offert en décembre des voyages en Tunisie par tirage au sort à deux jeunes filles, sur ses fonds propres, pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales et promet, s'il est élu, des chèques de 300 euros financés par la mairie à ceux qui iront voter et gagnent moins de 1 500 euros par mois", assénait alors l’hebdomadaire.

Mais Maxime Verner, obnubilé par sa passion sans bornes pour la politique, passe outre et assure à Europe1.fr qu’il "s’en fiche". Cela ne l’empêche pas de s’engouffrer plus avant dans la chose publique. En 2008, il fonde l’association "Candidat à 18 ans", qui défend l’éligibilité à 18 ans, à toutes les élections. Il est soutenu par quelque 300 députés de tous bords. Sa démarche aboutit à une conférence de presse, le 13 mai 2009, à l’Assemblée nationale. Costard noir, chemise blanche, cheveux plaqués en arrière, le tout juste majeur jubile : il est assis entre le socialiste Gaëtan Gorce et l’UMP Valérie Rosso-Debord, et entouré de nombreux journalistes des grands médias.

Depuis, la loi organique du 14 avril 2011 a abaissé à 18 ans l'âge minimal pour briguer l'Elysée, ainsi que l’Assemblée nationale. L’âge d’éligibilité des sénateurs est, lui, passé à 24 ans. Une loi dont Maxime Verner se présente comme l’instigateur. C’est même pour lui l’exemple le plus probant de ses succès : "beaucoup me disaient que la loi ne passerait jamais, mais je crois en ce que je fais", se vante-t-il.

"Je n'ai pas les dents qui rayent le parquet"

Sa force, c’est en effet sa volonté d’y arriver coûte que coûte. Son père, chauffeur de taxi, raconte qu’un jour, alors qu’il l’accompagnait à l’école, son fils lui a dit : "c’est pour des gens comme toi que j’ai envie de me battre", sous-entendu "des classes moyennes inférieures", précise-t-il. Boursier, habitant dans un studio de 10 m2 à Levallois, en région parisienne, le moins qu’on puisse dire est que Maxime Verner n’est pas "du sérail".

"C’est quelqu’un d’ambitieux, qui a beaucoup de talent, d’énergie à donner", témoigne celle qui était sa suppléante aux municipales de Bron, Aminata Sonko, âgée elle de 32 ans. Mais Maxime Verner ne veut pas se voir qualifier d’ambitieux : "je n’ai pas les dents qui rayent le parquet", lâche-t-il dans un éclat de rire. Sur son blog, il se fait plus sentencieux : à ceux qui qualifieraient sa candidature à la présidentielle de "choix critiquable pour son ambition", il répond : "ce n’est pas le choix d’un homme que je souhaite porter en ce jour, mais c’est le choix d’une génération, d’un nouveau contrat social entre les jeunes et la société".

De toute façon Maxime Verner ne veut "pas faire de la politique [son] métier", tranche-t-il. Etudiant en communication au Celsa, il se voit plus tard promouvoir "une association ou une institution". En attendant, le chantre de la jeunesse est loin de mener une vie de jeune comme les "vieux" l’imaginent : "il ne boit pas, il ne fume pas, il ne vit que pour la politique", confie son père.