Mariage gay : l'ordre de mobilisation du PS

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DOCUMENT - Les socialistes veulent s’assurer d’être majoritaires. Pour ne pas revivre le passé.

Le contexte. Après les manifestations des pros et des antis le week-end dernier, le projet de loi sur le mariage pour tous sera examiné à partir de mardi à l’Assemblée nationale. Les discussions devraient durer au moins deux semaines, à un rythme effréné. Et sur ce sujet où la majorité n'a pas le droit à l'erreur, l'heure est aux grandes manœuvres.

>> SUR LE LAB : les députés PS priés d’être de permanence

Ne pas revivre le fiasco de 1998. A l’époque, c’est le projet de loi sur le Pacs, petit-frère du mariage gay, qui agite les parlementaires. Or le jour du vote, les parlementaires socialistes à l’origine du projet "oublient" de se présenter en nombre suffisant en séance. Résultat, plus nombreux, les élus de droite réussirent à faire adopter une "motion d’irrecevabilité", ce qui a entrainé un report d’un mois de l’examen du texte.

Un mot d’ordre : mo-bi-li-sa-tion ! Le groupe socialiste a retenu cette leçon du passé. Bruno Le Roux, son président, a ainsi envoyé un courrier à tous les parlementaires, que publie Europe1.fr. Dans cette missive, ce proche de François Hollande les enjoint à "assurer une présence maximum qui nous permette de garantir notre majorité." "Vous savez combien il est indispensable que nous soyons tous totalement mobilisés pour l’examen de ce texte", tranche-t-il.

   LeRoux by   abayet

Des permanences… et des SMS pour les têtes en l’air. Afin d’être certain "d’assurer la présence de la moitié de notre effectif", Bruno Le Roux a décidé la création de "deux groupes de permanence". Et pas de repos du guerrier à prévoir. "Lors des week-ends, ce sont tous les députés du groupe qui doivent être mobilisés et rassemblés", a assuré le président des élus socialistes. "Pas de rugby pour moi la semaine prochaine", en a conclu dans un sourire Philippe Martin, élu du Gers, dans Le Parisien de lundi. Et au cas où les consignes ne seraient pas suivies à la lettre, les mauvais élèves auront droit à un petit SMS de rappel…

François de Rugy député vert 930.620

Quand les socialistes se la jouaient finauds. S’ils se sont fait avoir en 1998 sur le Pacs, la gauche a aussi joué aux plus malins, et avec succès. En avril 2009, le critiqué projet de loi Création et Internet, créant une Haute Autorité de protection des droits sur Internet (Hadopi), est présenté au vote en séance. François de Rugy, député écologiste de Loire-Atlantique, se rappelle de la suite : "lorsque j'ai accouru à l'Hémicycle, j'ai constaté que plusieurs députés socialistes restaient groupés derrière la porte, ou plus exactement derrière le rideau. J'ai évidemment compris qu'il s'agissait d'attendre là la fin de l'intervention de la ministre pour faire une entrée groupée. Ainsi le groupe UMP se croyant majoritaire n'allait pas tenter d'ultimes manœuvres de procédures pour retarder le vote et 'rameuter' à leur tour des députés UMP dispersés dans leur bureau..." Et de conclure : "à notre grande surprise, cette petite précaution de dernière minute a marché. Comme quoi le vote d'un texte tient parfois à un rideau qui se lève ou se baisse au bon moment !"