Les députés anti-privilèges se font des ennemis

Herni Guaino fait partie de ceux qui n'ont pas apprécié que dix députés s'en prennent aux privilèges des parlementaires.
Herni Guaino fait partie de ceux qui n'ont pas apprécié que dix députés s'en prennent aux privilèges des parlementaires. © REUTERS
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EDITO - L’initiative des 10 élus de tous bords a plus suscité de colère que d’adhésion.

Ils voulaient secouer l’institution, ils y sont parvenus. Mais les dix députés qui dénoncent jeudi dans le Nouvel Observateur les privilèges dont eux et leurs collègues bénéficient sont arrivés à autre chose : se faire des ennemis, à droite comme à gauche. Les réactions ont en effet été unanimement négatives, et parfois très dures à l’encontre des jeunes fauteurs.

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Du "poujadisme ignorant". Alors que le Parti socialiste représente le contingent le plus important, avec cinq frondeurs sur dix, le groupe PS s’est fendu d’un communiqué assassin dès mercredi soir. "C'est du poujadisme ignorant", écrit le groupe dirigé par Bruno Le Roux. "Depuis un an, la majorité de gauche fait la nuit du 4 août tous les jours en normalisant le statut des députés, en renforçant la transparence, le contrôle et la sanction des comportement illégaux, en réformant le mandat des élus et le fonctionnement de l'institution".

Bernard Roman, député PS et questeur de l’Assemblée, à ce titre chargé des finances du Palais-Bourbon, s’est dit lui "scandalisé" par l’initiative de ses collègues. "A force de vouloir jouer les M. Propre, on finit par salir tous les autres", a pesté l’élu du Nord. Enfin pour Claude Bartolone, les dix signataires se sont simplement offert "un petit coup de pub". "Je commence à en avoir ras-le-bol de ces députés qui se font une réputation sur le dos des autres", s’est ensuite agacé le président de l’Assemblée nationale, selon Le Monde.

"Démagogie". De son côté, Henri Guaino a préféré pointer la démagogie de ses collègues. "Je suis assez peiné, pour ne pas dire scandalisé, par la vague terrible de démagogie qui déferle sur notre pays et notre Assemblée. Ce qui se passe est grave parce c’est une surenchère de démagogie, la maladie mortelle des démocraties", a lancé, toujours très grave, le député des Yvelines, ancienne plume de Nicolas Sarkozy. Même analyse pour Eric Woerth. "On est un peu dans la démagogie. Evidemment, il faut qu’il y ait plus de transparence, de justice. Ce que disent ces dix parlementaires, c’est démagogique, c’est une bonne manière de se faire de la pub sur le dos des uns et des autres", a déclaré l’ancien ministre du Travail

>>> Pour Caroline Roux, qui prend l’exemple de la très opaque indemnité de frais de mandat, cette initiative posent de vieilles questions qui auraient dû être réglées depuis longtemps.