Le travail dominical revient dans le débat

Les syndicats sont traditionnellement opposés au travail le dimanche.
Les syndicats sont traditionnellement opposés au travail le dimanche. © MAXPPP
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S’il est réélu, Nicolas Sarkozy pourrait assouplir les conditions d’ouverture. L’opposition proteste.

Frédéric Lefebvre a levé le voile vendredi sur une nouvelle proposition du candidat Sarkozy. Selon le secrétaire d’Etat au Tourisme, qui s’exprimait au nom du chef de l’Etat, celui-ci souhaiterait "élargir les conditions d'ouverture des magasins le dimanche", si d’aventure il était réélu. C'est "vous donner plus de liberté, c'est de la croissance pour vos commerces, c'est de l'emploi pour les Français", a-t-il notamment ajouté, dans cette déclaration lue aux Etats généraux du commerce à Bercy.

Cette mesure, qui vise à s'"adapter à l'évolution des modes de vie", représente aussi "du pouvoir d'achat" pour les salariés et permettra "le renforcement de l'attractivité touristique pour que la France soit forte", a encore argumenté le secrétaire d’Etat, sans toutefois préciser quelle forme prendraient ces "assouplissements" en matière d'ouverture dominicale. Frédéric Lefebvre avait déjà émis l'idée samedi dernier, mais en son nom. Car Nicolas Sarkozy n'était pas encore candidat.

La règle actuelle

Actuellement, le travail le dimanche est régi par la loi du 10 août 2009, qui permet des ouvertures de magasins le dimanche en fonction du type de commerce et du lieu, défini en zones touristiques ou périmètre spécifique. En dehors des cas prévus par cette loi, tous les magasins peuvent ouvrir cinq dimanches par an sur autorisation préfectorale. Le Conseil du commerce de France (CdCF) réclame la possibilité pour les commerçants d'ouvrir librement 10 à 12 dimanches par an, même lorsqu'ils sont situés hors zone touristique.

Pour Nicolas Sarkozy, le travail le dimanche est un combat de toujours. Pendant la campagne de 2007, dés le début de son mandat, il en avait fait une priorité, et avait soutenu la mesure à de nombreuses reprises. Et souvent en utilisant le même exemple, les Champs-Elysées. Ce que ses opposants n’ont pas manqué de remarquer.

Cette vidéo compile les propos du chef de l'Etat :

"Injustice et régression sociale"

 

Le Parti socialiste a profité du débat parlementaire sur le projet de budget rectificatif 2012 pour brocarder le projet. "Le travail du dimanche après la hausse de la TVA: Nicolas Sarkozy n'a pas de limites dans l'injustice et dans la régression sociale", a déclaré le député PS , Pierre-Alain Muet. C’est "une mesure absurde, qui ne créera pas d'emplois, aggravera la condition de beaucoup de salariés, nuira aux petits commerces notamment de centre-ville car ce sont essentiellement les grandes surfaces qui profitent du travail du dimanche", a-t-il ensuite ajouté dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

François Hollande s'est, de son côté, engagé à ouvrir des négociations sur le sujet s’il était élu. Le candidat socialiste a déclaré, dans une vidéo diffusée vendredi aux Etats généraux du commerce à Bercy, préférer la négociation à une "mauvaise loi". Il s'agit de trouver "un équilibre entre les droits des salariés" et le souci des commerçants de "répondre à de nouvelles formes de concurrence", a-t-il expliqué.

La CFTC "très étonnée"

Du côté des syndicats, la CFTC a été la plus prompte à réagir. La confédération d’influence chrétienne s’est dite "très étonnée (...) parce qu'on nous avait dit que la loi sur le dimanche dite ‘loi Maillé’ fixait les choses dans le marbre et qu'on y reviendrait plus", a déclaré son vice-président. "En favorisant l'ouverture des grandes surfaces le dimanche, on veut nous emmener dans l'hyper-consumérisme" alors qu'"on a besoin d'un temps (...) pour la vie familiale, associative, personnelle et spirituelle", a encore estimé le syndicat des travailleurs chrétiens.

Selon les données de l'Insee, en 2010, "plus du quart" des personnes ayant un emploi ont travaillé le dimanche, soit environ 6,4 millions de salariés, dont 2,9 de manière habituelle.