Le difficile rassemblement de la gauche marseillaise

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Alexis Toulon , modifié à
LE JOUR D’APRES - Patrick Mennucci a tendu la main à Samia Ghali après sa victoire dimanche. Un geste suffisant pour tourner la page ?

Patrick Mennucci sera le candidat du Parti socialiste à la mairie de Marseille face au maire sortant, l’UMP Jean-Claude Gaudin. Il a remporté dimanche la primaire avec 57,16% face à Samia Ghali (42,84%), sénatrice de la ville, au terme d’un scrutin fratricide. Si les organisateurs saluent le "succès exceptionnel" de cette primaire, l’appel à l’unité du vainqueur a du mal à convaincre. "Ce soir, personne n'a perdu. Ce soir, nous sommes tous unis pour vous conduire tous ensemble à la victoire", a certifié Patrick Mennucci. Et pourtant, ce rassemblement s’annonce difficile.

Une campagne à couteaux tirés. La semaine de campagne du second tour, notamment le débat organisé mercredi, a été marquée par des tensions croissantes entre les deux prétendants. A cette occasion, Samia Ghali a lâché : "Patrick Mennucci a le soutien des élus, j'ai le soutien des Marseillais".  "Pour moi tu es une adversaire, pas une concurrente. Je ne parlerai jamais avec toi comme je parlerais à Ravier (candidat FN aux municipales)", lu avait répondu Patrick Mennucci.

Une élection plus que tendue. Les opérations de vote se sont déroulées dimanche sans incident majeur, alors que la "haute autorité des primaires" du PS avait promis "un second tour impeccable". Il faut dire que les bureaux de vote avaient été placés sous haute surveillance par la Haute autorité des primaires après un premier tour perturbé par des problèmes de listes d'émargement, fausses ou incomplètes, et surtout l'affaire "des minibus" - des véhicules loués par Samia Ghali pour conduire les électeurs aux bureaux de vote. A l'origine de la discorde, les déclarations de la ministre Marie-Arlette Carlotti, grande perdante du premier tour qui, au soir du 13 octobre, avait accusé Samia Ghali de clientélisme, avec des propos très durs évoquant une "organisation paramilitaire".

Ghali en veut (beaucoup) au gouvernement. La sénatrice avait donné rendez-vous dimanche soir, après l’annonce de la défaite, à ses partisans dans un restaurant du Vieux Port, où elle a continué sa fronde contre le gouvernement. "Je voudrais dire à Jean-Marc Ayrault, à François Hollande, que nous sommes avant tout des Marseillais, pas des sous-Marseillais. Nous réclamons ici à Marseille l'aide qu'il n'a jamais apportée, oui, le comité interministériel n'a pas porté ses fruits", a-t-elle dénoncé. Les militants présents ont montré leur approbation en sifflant et huant les noms des deux dirigeants socialistes. "Quand on est seule contre cinq candidats plus le gouvernement, je trouve que franchement on n'a pas à se plaindre", a raillé la sénatrice. 

Mennucci veut y croire… Le vainqueur du jour, lui, n’a pas le choix. Pour espérer gagner la mairie, il a besoin du soutien de Samia Ghali, d’où la main tendue. "Parfois, ma chère Samia, les mots ont pu blesser, je veux te dire ce soir que si c'est le cas, je le regrette", a lancé Patrick Mennucci dimanche soir. Et d’ajouter : "nous partageons les mêmes valeurs, les valeurs qui feront que nous serons côte à côte en mars pour affronter la droite et l'extrême droite". Lundi, Patrick Mennucci a ajouté sur France Inter que même si "une élection entre amis" n'est "pas toujours facile", "le moment du rassemblement vient".

La sénatrice a finalement reconnu la victoire de son adversaire et joué le jeu de l’unité en se rendant à la fédération PS des Bouches-du-Rhône où elle a accueilli le discours du vainqueur avec un visage de marbre.

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