Le Pen - NKM : qui a gagné le match ?

Marine Le Pen et NKM d'accord sur un point : elles ne feront jamais alliance
Marine Le Pen et NKM d'accord sur un point : elles ne feront jamais alliance © EUROPE 1
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Hélène Favier , modifié à
DECRYPTAGE - L'une a joué les "chefs d’estrade", tandis que l'autre tenait son rôle de "petit soldat".

Durant une heure, Marine Le Pen et Nathalie Kosciusko-Morizet, auteure de l'essai Le Front antinational, se sont affrontées sur les thèmes de la dette, du pouvoir d’achat et de l’immigration. La présidente du Front national et la ministre de l’Ecologie étaient mercredi soir les invitées de Expliquez-vous, sur Europe 1 et i-Télé. Campant chacune sur leurs positions, la première est restée fidèle à son image de "chef d’estrade", tandis que la ministre de l’Ecologie jouait "les bons petits soldats". L’une d’elles a-t-elle réussi à prendre l’ascendant sur l’autre ? Europe1.fr a posé la question  au politologue Arnaud Mercier, chercheur associé au Laboratoire Communication et Politique du CNRS.

Marine Le Pen

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Marine Le Pen, "une sacrée cliente" - "Y a-t’il un homme ou une femme politique capable de "clouer le bec" à Marine Le Pen ? Elle ne se démonte jamais. C’est une sacrée cliente", ironise d’emblée le politologue Arnaud Mercier, soulignant l’aplomb habituel de la présidente du Front national. "Marine Le Pen s’est montrée fidèle à elle-même, avec son sourire en coin, goguenard, limite méprisant. Elle n’a pas hésité à retourner l’argument de son adversaire contre lui", ajoute-t-il. "Sur le plan politique – elle, comme d'autres politiques comme Jean-Luc Mélenchon – ont la tâche plus facile. Ils sont en position de force. Ils sont des 'antis'. Personne ne peut dire aujourd’hui que le système actuel apporte prospérité à tous ces citoyens. Il est donc extrêmement difficile de répondre à leurs arguments sur la dette, le chômage, la baisse du pouvoir d’achat", ajoute Arnaud Mercier.

Globalement, Marine Le Pen était particulièrement à l’aise sur le plateau d’Europe 1 et i-Télé, notamment quand elle a mis NKM face au bilan gouvernemental. "Elle s’était préparée. Elle avait bien potassé, en témoigne tous les Post-it qu’elle avait glissés dans le livre de Nathalie Kosciusko-Morizet", estime le politologue.

NKM

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NKM, "le bon soldat" - La ministre de l’Ecologie, elle, "est moins chef d’estrade que ne peut l’être Marine Le Pen", analyse ensuite le chercheur. "Elle est un ton en-dessous. Elle a un certain manque de spontanéité, moins d’assurance aussi. Elle avait préparé une batterie de phrases toutes faites et voulait les caser dans le débat", estime Arnaud Mercier.

Face aux attaques de Marine Le Pen sur le bilan du gouvernement, la ministre s’est accrochée aux éléments de langage qui circulent dans la majorité, répétant à l’envi que la situation était imputable à la crise, à la guerre en Libye, etc. "Certes, ces éléments influent, mais il y a eu des guerres avant Sarkozy. Là, Nathalie Kosciusko-Morizet nous a fait une sorte d’amalgame, gonflant les conséquences de ces événements sur le bilan du gouvernement". Au final, "on a du mal à la sentir comme une personnalité forte. Elle faisait plutôt figure de bon petit soldat avec ses graphiques qui n’étaient là que pour signifier le sérieux de ce qu’elle voulait dire… Mais qui n’apportaient rien", conclut Arnaud Mercier.

Le plateau de Expliquez vous

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Le rapport de force : match nul - "Chacune s’est montrée pugnace, coupant et reprenant son interlocutrice", insiste le politologue. "Elles ont campé sur leurs positions, montré les écarts de leurs programmes. Mais, elles n’ont au final convaincu que ceux qui l’étaient déjà par leurs idées. Elles sont restées dans l’attendu".

"La personnalité de Marine Le Pen reste plus forte, mais NKM n’a pas reculé. Elle pourra faire valoir sa prestation dans son propre camp et marqué quelques points : elle a affronté "l’ogre politique". Mais le gain de sa prestation reste symbolique", juge enfin Arnaud Mercier, mettant les deux femmes à égalité.