Laïcité : une polémique en sept actes

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Copé s'en est violemment pris à Fillon sur la laïcité, avant de s'expliquer mardi matin.

Au lendemain des cantonales, et de la défaite cuisante de l'UMP, la majorité parlementaire a rouvert lundi le débat sur l’islam et la laïcité. Divisant au sein-même du gouvernement et jusqu'au sommet de l'Etat, jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy convoque les principaux intéressés pour clore la polémique.

Acte 1 : Baroin prend ses distances. François Baroin a estimé, lundi matin, qu’il fallait clôturer "ces débats" sur l’islam et la laïcité. Et ce, alors que le parti majoritaire doit les ouvrir la semaine prochaine. "Je crois qu'il faut certainement mettre un terme à tous ces débats", a assuré, sur France Info, le porte-parole du gouvernement interrogé sur le débat sur la laïcité et l'islam organisé par l'UMP à la demande du chef de l’Etat.

"Je crois qu'il faut s'écarter de tout ce qui peut, de près ou de loin, donner l'impression de stigmatiser", a-t-il assuré. Selon François Baroin, le sujet n’est pas le bon. Il faut "se concentrer (sur) l'emploi, les déficits", a-t-il affirmé.

Acte 2 : la mise au point de l'Elysée. Quelques heures après les déclarations de François Baroin , le chef de l’Etat aurait tenu un tout autre discours devant des responsables de l’UMP. Nicolas Sarkozy aurait ainsi invoqué "un malentendu" de la part du porte-parole du gouvernement et aurait indiqué que François Baroin allait être amené à rectifier dans la journée ses propos. Ce qu'il n'avait finalement pas fait lundi soir.

Acte 3 : la divergence de François Fillon. Reste que les propos de François Baroin ont été entendus. Le député UMP Etienne Pinte, proche de François Fillon, a indiqué lundi sentir le Premier ministre "très mal à l'aise" avec le débat sur la laïcité et s'est dit "totalement d'accord" avec François Baroin pour souhaiter l'arrêt de ce débat. "François Fillon n'est pas sur la même longueur d'ondes sur ces sujets que le président Nicolas Sarkozy", a déclaré l'élu des Yvelines.

"J'aimerais beaucoup que François Fillon se positionne. (...) "En a-t-il les moyens, en a-t-il la possibilité ?", s'est-il toutefois interrogé. "Je suis totalement d'accord avec François Baroin pour dire qu'il faut mettre un terme à ce débat. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème sur la place que nous devons faire aux musulmans. Mais plutôt qu'un débat, il faut instaurer un dialogue avec les représentants du culte musulman", a ajouté Etienne Pinte. "Parmi les députés UMP, je ne suis pas le seul à être sur cette ligne. Certains ne s'expriment pas publiquement mais ils n'en pensent pas moins", a-t-il affirmé.

Acte 4 : Jean-François Copé met son grain de sel. En fin de journée, le secrétaire général de l'UMP a reproché au Premier ministre de ne pas "jouer collectif" à propos du débat sur la laïcité. "Certains n'en veulent pas (...) parce qu'ils ont probablement été mal informés", a-t-il dit sur Canal +. "Et puis il y en a, disons les choses, qui y ont trouvé l'occasion d'une posture". Prié de dire s'il pensait à François Fillon, Jean-François Copé a répondu : "Peut-être, après tout (...) On ne peut pas jouer collectif une fois ?".

Acte 5 : La garde rapprochée de Sarkozy intervient. La sortie du chef de l'UMP provoque de vives réactions au sein de la majorité. Le maire de Nice Christian Estrosi a ainsi fustigé "une situation baroque". "Je ne sais pas si l’objectif est d’essayer de se justifier en faisant porter la faute à d’autres", a-t-il déclaré.

"Si je comprends bien, à part Copé, point de solution", a-t-il taclé :

Acte 6 : Des élus UMP demandent à Copé des excuses, voire sa démission. Etienne Pinte a estimé mardi matin sur Europe 1 que Jean-François Copé devait "démissionner" de son poste de secrétaire général de l'UMP. "Si M. Copé ne supporte plus François Fillon et bien il doit en tirer les conséquences et donner sa démission et à ce moment-là qu'il le fasse le plus rapidement possible ça évitera qu'il soit le fossoyeur de l'UMP".

Le député des Yvelines a dénoncé un "coup de poignard dans le dos" du secrétaire général de l'UMP :

"La démission de Jean-François Copé demandée par Etienne Pinte est logique mais ajouterait la crise à la crise. Sans aller jusqu'à cette extrémité, il est indispensable que le secrétaire général de l'UMP présente publiquement au Premier ministre ses excuses", a déclaré Dominique Paillé, ex-porte-parole de l'UMP et membre du Parti radical.

Acte 7. Copé reconnaît "des propos excessifs". Jean-François Copé s'est expliqué, mardi matin, lors d’un petit déjeuner en compagnie du Premier ministre et du président de la République Nicolas Sarkozy : sur la forme, le patron de l’UMP a reconnu qu’il "a pu tenir des propos excessifs", mais sur le fond il a maintenu ses déclarations, selon les informations d'Europe 1.

L'Elysée a donc dû intervenir pour rapidement refermer la boîte de Pandore, ouverte par l'annonce d'un débat sur la laïcité. Ce dernier a fait apparaitre au grand jour les divisions qui traversent la majorité présidentielle, les dernières critiques émanant notamment de Jean-Louis Borloo, qui a regretté que l'UMP "se droitise".