Laïcité : Guéant se convertit au dialogue

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avec Aurélie Herbemont et Antonin André , modifié à
Les nouvelles mesures privilégient le débat et la formation, sans toucher à la loi de 1905.

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a reçu vendredi les responsables des principales religions en France, une manière de donner suite au débat sur la laïcité et l’Islam organisé par l'UMP le 5 avril dernier. L'objectif est clair : afficher une volonté de dialogue et d'apaisement. Cette réunion a permis, selon le ministre, de "faire part des décisions du gouvernement après d'une part, le débat qui a été organisé par l'UMP, d'autre part les consultations que j'ai conduites".

Propositions discrètes après une bruyante polémique

Le ministère de l’Intérieur s’est voulu rassurant en indiquant d’emblée que la loi de 1905 sur la laïcité ne ferait l’objet d’aucune retouche. Le gouvernement devrait par ailleurs piocher dans les 26 propositions formulées par l’UMP. Les premières pistes privilégiées concernent l’enseignement du principe de laïcité à l’école, la création d’une formation sur le sujet pour les agents du service public ou encore de nouvelles règles pour favoriser la construction de nouveaux lieux de culte.

L’interdiction des prières de rue a également été réaffirmée, le représentant du culte musulman rappelant que ce problème ne concerne que cinq zones. "Le débat qui a été fait sur ce sujet-là me semble disproportionné par rapport à la réalité" a déclaré à Europe 1 Mohammed Moussaoui, à l'issue de la rencontre. Le prêt temporaire de locaux devrait être négocié au cas par cas entre l'Etat et les responsables religieux.

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) a par ailleurs mentionné sur i-Télé la création d'une "conférence départementale pour les libertés religieuses qui permettrait aux responsables cultuels au niveau de chaque région de discuter avec les élus locaux". Claude Guéant a également marqué sa volonté d'étendre la neutralité des fonctionnaires aux employés des crèches.

Les sujets les plus sensibles remis à plus tard

Pour les questions les plus sensibles, Claude Guéant a annoncé la création d’un groupe interministériel qui rendra ses conclusions avant l’été. Une manière de déminer le terrain après que la plupart des responsables religieux ont exprimé leur hostilité ou leur réserve face au débat organisé par l'UMP, redoutant notamment qu'il stigmatise les musulmans.

Parmi les personnalités invitées, figurent le président du CFCM Mohammed Moussaoui, le recteur de la Grande Mosquée de Paris Dalil Boubakeur, et le grand rabbin de France Gilles Bernheim, qui s'est fait représenter.

"Les valeurs fondamentales"

Dans un communiqué diffusé vendredi midi, Claude Guéant explique qu'à travers ces décisions, il entend "renforcer la cohésion nationale et ouvrir la perspective d’une France davantage rassemblée autour de ses valeurs fondamentales". Selon le locataire de la place Beauvau, "les mesures annoncées consistent à mieux faire connaître la laïcité et son application dans la République, à réaffirmer le principe de neutralité du service public, et à garantir le libre-exercice du culte".