La tribune de Sarkozy bouclée dans le plus grand secret

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Caroline Roux et Fabienne Cosnay , modifié à
COULISSES -  Le texte a été minutieusement concocté. Pour mieux faire parler de lui.

Un timing parfait. Nicolas Sarkozy a rédigé une tribune sur les élections européennes publié dans Le Pointdaté de jeudi. L'ex-chef de l'Etat ne s'était plus exprimé publiquement depuis sa précédente tribune, le 20 mars, à la veille du premier tour des municipales, dans Le Figaro, dans laquelle il répondait aux soupçons de "trafic d'influence" pesant contre lui à la suite de sa mise sur écoute téléphonique par la justice. La thématique cette fois : l'Europe, rien que l'Europe. Mais les deux tribunes ont été publiées à chaque fois à trois jours des élections. De l'art de faire le buzz.

Nicolas Sarkozy se lance sur l'Europepar Europe1fr

"Tout est de lui". La décision de "sortir du bois" ne date pas d'hier. "Je ne peux pas ne rien dire sur le sujet", ne cessait de répéter Nicolas Sarkozy à ses proches. L’ancien président s’est attelé à l’écriture de sa tribune il y a une quinzaine de jours. Pour travailler le fond du texte, il a sollicité d'anciens collaborateurs comme Emmanuelle Mignon, sa directrice de cabinet à l’Elysée. Mais ses proches insistent : dans cette tribune, "tout est de lui". Les mêmes racontent comment Nicolas Sarkozy est arrivé un matin le texte en main.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy

© Reuters / François Lenoir

Garder le secret. La tribune a été bouclée dans le plus grand secret. Seule une poignée d’anciens collaborateurs et quelques politiques, comme François Baroin, ont eu le privilège de la lire avant publication dans Le Point. Mais ceux qui ont été mis dans la confidence avaient ordre de se taire. Rien ne devait filtrer sur les intentions de l’ancien président. Il fallait maintenir le doute sur cette publication pour garder l’effet de surprise. Les derniers détails ont été calés la semaine dernière. Et soucieux de ne pas déplaire à la chancelière allemande, Nicolas Sarkozy a fait envoyer sa tribune directement à Angela Merkel pour qu’elle ne la découvre pas en ligne sur le site allemand Die Welt.

Tout sauf la tribune de Hollande. Pour Nicolas Sarkozy, il était hors de question de prendre la parole pour sortir un texte mou. Les fidèles de  l'ancien président racontent comment la tribune de François Hollande, le 8 mai dans Le Monde intitulée L'Europe que je veux, a été prise comme l'exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. "Si c’est pour dire "l’Europe, c’est la paix, l’Europe, ce n’est pas satisfaisant, mais l’Europe, on n'a pas le choix..., c'est contre-productif, a ainsi raillé un proche de Sarkozy.

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