La guerre des meetings est déclarée

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Fabienne Cosnay avec Laure Dautriche , modifié à
Nicolas Sarkozy et François Hollande vont s’affronter par meetings interposés, dimanche.

François Hollande sur l'esplanade du château de Vincennes, Nicolas Sarkozy place de la Concorde. Dimanche, à 14h, les deux principaux candidats à la présidentielle se livreront un nouveau duel à distance par réunion géante interposée. Rayon meetings en plein air, le candidat socialiste part avec une longueur d’avance sur son rival, puisqu’il en a fait une dizaine depuis le début de la campagne. Nicolas Sarkozy, lui, est moins familier du concept. Depuis sa déclaration de candidature, il n’a fait qu’une réunion en plein air, le 4 avril, alors qu’il était en déplacement sur l’île de la Réunion.

A quelques jours de cette guerre des meetings interposés, véritable démonstration de force pour les deux favoris, Europe1.fr passe en revue le champ de bataille et les forces en présence.  

LA GUERRE DE L'ANNONCE

C’est François Hollande qui avait dégainé le premier, annonçant le 27 mars qu’il tiendrait un grand meeting en plein air à Vincennes, le 15 avril. Une semaine plus tard, Nicolas Sarkozy invitait officiellement ses partisans à investir la place de la Concorde, ce même 15 avril. Devant les journalistes, le président-candidat avait fait mine d’ignorer la concordance parfaite des dates. "Vous allez peut-être me trouver méchant mais je n’avais pas observé que François Hollande faisait un rassemblement. Quand je veux de ses nouvelles, j'en ai. Mais je ne pouvais pas rayer le dimanche 15 avril parce que le 15 avril, M. Hollande serait ailleurs", avait raillé Nicolas Sarkozy. 

 Selon le Canard Enchaîné, le président sortant aurait décidé de répondre au meeting de Vincennes de son adversaire, immédiatement. "Dans les heures qui suivent, l'UMP réserve discrètement la place de la Concorde auprès de la préfecture de police pour organiser sa propre grand-messe le même jour et à la même heure", assure l'hebdomadaire satirique.

 LA GUERRE DES LIEUX

La place de la Concorde contre le château de Vincennes. Dans chaque camp, le lieu a été minutieusement choisi. Vincennes a été sélectionné pour son côté festif. "Nous souhaitions un lieu qui permette de tenir un meeting traditionnel, mais aussi de venir pique-niquer et partager un moment tranquille", a raconté le secrétaire général de la campagne de Hollande, Nacer Meddah, au Monde. Nicolas Sarkozy aurait lui-même choisi la Concorde. Le lieu est en effet symbolique pour le président sortant : c'est là qu'il avait fêté sa victoire en 2007.

LA GUERRE DES CHIFFRES

Dans les deux camps, on se garde bien d'avancer un chiffre précis des militants et sympathisants attendus. Mais la participation sera pourtant une donnée essentielle, signe de leur capacité à rassembler. Du côté de François Hollande, on espère que 100.000 personnes seront au rendez-vous. "On attend le plus grand nombre (de personnes) possible", se contente d'indiquer Bernard Cazeneuve. "On n'est pas dans un bodybuilding politique (face à l'UMP, ndlr), mais dans un moment de mobilisation très forte dans la dernière ligne droite de la campagne", a assuré le porte-parole de François Hollande. Vraiment ? Du côté de l'UMP, on mise sur 80.000 personnes.

LA GUERRE DES MOYENS

En attendant le jour J, rien n'est laissé au hasard. Les deux camps ont sorti l'artillerie lourde pour mobiliser leurs troupes. Au PS, au moins trois autocars partiront de chaque département, dans toute la France, pour permettre à un maximum de militants d'être présents. Des dizaines de véhicules feront aussi du covoiturage. Une vidéo a aussi été aussi réalisée par l'équipe web de campagne de François Hollande pour "venir soutenir le changement".

De son côté, l'UMP explique avoir affrété spécialement pas moins de 9 trains et 600 autocars. Le parti de la majorité a pourtant été quelque peu pris de court. Selon les informations d’Europe 1, l’équipe de Nicolas Sarkozy a eu des difficultés pour trouver des bus encore disponibles. La faute au PS qui en a déjà réservé des centaines, il y a déjà plusieurs semaines. Alors, à défaut de pouvoir prendre un bus ou un train, les militants de l'UMP sont invités à se débrouiller pour venir, coûte que coûte. "Nous allons prévoir autant de trains et de cars que possible. Mais je sais aussi pouvoir compter sur la réactivité et la débrouillardise de chacun ! Selon l'endroit où vous habitez, en avion, en voiture, en covoiturage, en RER, en métro, à vélo, à pied... tous les moyens de transport seront bons pour rallier la place de la Concorde", a écrit Jean-François Copé dans un mail envoyé aux adhérents du parti.

 UNE GUERRE SANS VAINQUEUR ?

François Hollande et Nicolas Sarkozy ne pourront pas se livrer à une guerre des chiffres, dimanche. Selon des informations Europe 1, la préfecture de police de Paris ne comptabilisera pas le nombre de participants à leurs meetings respectifs, considérant que ces deux rassemblements ne sont pas des "manifestations revendicatrices".  Et puis, "il n'y a pas de compétition. Ce n'est pas le plus grand nombre de participants à Paris-Vincennes ou à la Concorde-discorde, qui fera la décision ou la différence. Ce n'est pas le nombre de participants, c'est le nombre d'électeurs qui va faire la différence", a tenu à préciser, jeudi, François Hollande.