La compagnie aérienne Ryanair touche-t-elle trop de subventions publiques ?

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Kim Biegatch et Laurent Guimier
FACT-CHECKING - L’avocate du syndicat des pilotes de ligne affirme que ce sont majoritairement les impôts des Français qui financeraient les billets de la compagnie low-cost. Vrai ou faux ? 

LA PHRASE - Mercredi dernier, la compagnie low-cost Ryanair était condamnée à une amende record pour travail dissimulé. Mais l’affaire ne s’arrête pas là puisque les médias l’accusent également de toucher des subventions publiques excessives. Les détracteurs de la compagnie irlandaise estiment que ces aides portent atteinte à la concurrence de façon déloyale. L’avocate du syndicat national des pilotes de ligne Claire Hocquet est très en colère. Elle affirme que Ryanair finance ses billets grâce aux impôts des Français "avec les subventions que leur versent les chambres de commerce et d’industrie". Et cela, au détriment de la concurrence. 

>> Dans sa chronique, Laurent Guimier revient sur cette déclaration :

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La compagnie Ryanair touche bien des subventions publiques. Pour faire simple, si un petit aéroport régional souhaite accueillir la compagnie irlandaise, elle demande en échange une aide à la chambre de commerce. Son choix se fait en fonction des avantages qui lui sont proposés. Il s’agit pour l’essentiel de ristournes sur les taxes d’aéroport ou encore de la fourniture gracieuse de personnel aux comptoirs d’enregistrement. Dans un rapport de 2008, la Cour des comptes a décrit ce système. Selon ses estimations, la compagnie toucherait chaque année plus de 30 millions d’euros d’aides et de ristournes en France. A l’échelle de l’Europe, Air France estime que ces aides s’élèvent à 660 millions d’euros.

Ryanair transporte 80 millions de passagers par an. Si l’on divise le montant des subventions par le nombre total des passagers, ça fait 8 euros par billet maximum. Mais en 2012, la compagnie a dégagé 4,8 milliards de chiffre d’affaires. Ce qui représente en moyenne 60 euros dépensés par passager transporté. Dans ce montant, sont compris le prix du voyage mais aussi les prestations annexes comme les boissons, la réservation du siège, etc. Au total, ce sont 8 euros de subventions qui sont accordées par l’Etat contre 60 euros dépensés par passager. Même sans ces aides, Ryanair pourrait donc continuer à proposer des billets low-cost.