L'inconnue DSK

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avec David Doukhan , modifié à
Quel est son poids réel dans l’opinion ? Est-il en mesure de rassembler la gauche ? Analyse.

Il est au sommet dans les sondages. Toutes les enquêtes d’opinion le donnent gagnant avec des scores allant jusqu'à 62% d'intentions de vote dans l’hypothèse d’un second tour face à Nicolas Sarkozy. Pourtant, aujourd’hui, personne n’est en mesure de savoir ce que fera Dominique Strauss-Kahn en 2012. Pas même ses proches. "Même Anne Sinclair n'a pas d'info" résume, un élu socialiste.

La boutade fait sourire mais est révélatrice d'une situation inédite pour le PS. Car, à Solférino, tout le monde est suspendu à la décision du champion. De sa volonté de se présenter ou pas, lors des primaires socialistes prévues à l’été 2011, dépendent les candidatures de Martine Aubry, Ségolène Royal, Pierre Moscovici, ou encore Benoît Hamon. En attendant, la première secrétaire du PS fait bonne figure mais reste à l’affût de la moindre déclaration de son principal challenger en vue de la présidentielle.

Le meilleur d’entre nous ?

Au sein du PS, et même en l’absence du patron du FMI, la campagne des primaires est déjà belle et bien lancée. Les plus fervents défenseurs de DSK, pourtant dans l’incertitude la plus totale, entretiennent depuis des mois la candidature de leur champion, en répétant régulièrement qu'il est l'homme de la situation et que le contexte politique est fait pour lui. "Il incarne une gauche d’imagination sociale et de réalisme économique", estime l’une de ses partisanes, la députée PS Marisol Touraine.

Peut-il vraiment gagner ?

Selon l'un de ses plus proches conseillers, le patron du FMI s’interroge encore aujourd’hui sur son poids réel dans les sondages. Sa candidature est-elle surestimée ? Sa popularité pourra t-elle durer une fois sa candidature officialisée ? Rien n'est moins sûr, assure le politologue Jérôme Sainte Marie. "Beaucoup de gens l’apprécient comme grand sage mais ne l’apprécierait pas forcément comme le candidat du PS à la présidentielle" explique ce dernier.

Selon plusieurs politologues, l’éloignement de DSK le sert et constitue probablement l'une des clés de sa domination absolue dans les sondages. A la tête du FMI, en pleine crise économique mondiale, il a inexorablement acquis une image d'homme d'Etat, une stature internationale qui pourrait séduire une partie de l'électorat de centre-droit et même de droite, notamment les déçus du sarkozysme.

Un bémol, cependant : dans les milieux populaires et dans les partis d'extrême gauche, DSK apparaît assez antipathique. Une image qui pourrait constituer un handicap majeur en 2012, car pour gagner la présidentielle, le candidat socialiste devra réussir l'union de toute la gauche. Les socialistes, qui n'ont pas gagné depuis 17 ans, pourrait cependant davantage se mobiliser.