L’UMP revit les heures noires du PS

Copé-Fillon et Royal-Aubry, même combat.
Copé-Fillon et Royal-Aubry, même combat. © MAXPPP
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Le flou qui entoure l’élection du président de l’UMP rappelle au congrès de Reims du PS en 2008.

Vers 23h30, dimanche soir, François Fillon tape du poing sur la table : "je ne laisserai pas la victoire échapper aux militants". Une phrase prononcée en 2008 par… Ségolène Royal, lors du délétère congrès socialiste à Reims, où elle contestait la victoire à sa rivale Martine Aubry. Petit flash back.

>> Pourquoi cela y ressemble. En 2008, les socialistes se cherchent un nouveau patron pour remplacer François Hollande. Les cadres de l’UMP ont fait les premiers le rapprochement. "Ça me rappelle le congrès socialiste de Reims, un temps on disait Delanoë devant, puis Royal, puis Aubry", s’amusait ainsi dimanche soir  Marc-Philippe Daubresse, soutien de Copé. Son champion apprécie un peu moins la comparaison, bien qu’il ne puisse la rejeter : "C'est un point commun dont je me serai bien passé".Interrogée sur le sujet par Sud Ouest, Ségolène Royal opine du chef : "Ça me rappelle des choses."

Martine Aubry et Ségolène Royal à l'université d'été du PS à La Rochelle le 27 août. 630420

© REUTERS

>> La nuit du 21 novembre 2008. Au terme du second tour, le camp de Martine Aubry revendique la victoire. Celui de Ségolène Royal en fait de même, contestant les résultats dans la fédération du Nord, acquise à la maire de Lille. Le lendemain matin, après une nuit d’intenses discussions, la direction du PS proclame Martine Aubry gagnante avec 42 voix d’écarts. Mais des soupçons de fraudes perdurent, alors la commission de recollement, grande sœur de la Cocoe, est saisie. Quatre jours plus tard, la maire de Lille est confirmée en tant que patronne du PS, avec 102 voix d'avance sur Ségolène Royal. Fin du psychodrame.

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>> Ce que l’UMP en pensait. Alors au pouvoir, les membres de la formation de droite ne s’étaient pas fait prier pour tirer à boulets rouges sur le scrutin interne du PS. Florilège.

      -     Jean-François Copé. Pour le patron d’alors des députés UMP, les conditions sont réunies pour que le PS "explose". "Ce serait une solution parce qu'ils ne peuvent plus se supporter les uns les autres".
-      Patrick Devedjian alors secrétaire général de l'UMP : "L'opposition, c'est aussi le visage de la France, et l'image est là tout à fait désastreuse"
-      Chantal Brunel, porte-parole de l’UMP : "la situation est suffisamment grave pour que le Parti socialiste s'interroge sur sa crédibilité en tant que premier parti d'opposition".
-       Jean-Marie Bockel, le secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, et surtout ancien socialiste, le PS "encourt un danger mortel".
-         Roger Karoutchi, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement : "Le Congrès de Reims est le remake de deux films cultes, Règlement de comptes à OK Corral et Les tontons flingueurs. Le remake de piètre qualité a dû finir de désespérer les adhérents socialistes qui y croyaient encore."

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>> Pourquoi l’UMP doit garder espoir. S’il se serait "bien passé" de ce point commun avec les socialistes, Jean-François Copé a la mémoire qui flanche, car l’histoire lui donne tort : après s’être déchirés, les socialistes avaient réussi à se mettre en ordre de bataille pour l’emporter dans toutes les élections qui ont suivi. Valérie Pécresse, qui roule pour François Fillon, s’en souvient, et espère que le scénario se répétera : "Le PS a recollé les morceaux au lendemain du congrès de Reims. Martine Aubry et Ségolène Royal ont fini à 50-50, ça n'a pas empêché François Hollande de l'emporter", a-t-elle ainsi noté sur BFMTV.

>> Et qu’en pensent les socialistes ? Pour le moment,  ils ont assez peu commenté le fiasco qui se déroule au sein du principal parti d’opposition. Harlem Désir, lundi matin, s’est toutefois fendu d’une petite remarque, raillant "une guerre des chefs" et "jugeant que la situation de l'UMP est marquée par la confusion, la contestation et la division". Interrogé sur les propos de Valérie Pécresse, David Assouline,  porte-parole du PS, a immédiatement rectifié : "L'UMP aurait surtout dû prendre exemple sur les leçons que nous avons tiré (du congrès de Reims, Ndlr) en organisant une primaire réussie en 2011."