L'UMP pleure, Le Pen rit

La défaite de Nicolas Sarkozy est un bon scénario pour Marine Le Pen.
La défaite de Nicolas Sarkozy est un bon scénario pour Marine Le Pen.
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Mounia Van de Casteele
La défaite de l'UMP est un bon scénario pour le Front national.

C'est un vent de satisfaction qui souffle du côté du parti frontiste. Avec ses 17,9% au 1er tour et la défaite au second tour de Nicolas Sarkozy, sur laquelle elle comptait, Marine Le Pen sort renforcée du scrutin présidentiel. Mais elle doit maintenant transformer l'essai aux législatives, où son succès dépendra en partie du degré de turbulences à l'UMP.

"De très belles perspectives"

La présidente du Front national misait depuis des semaines sur l'échec de Nicolas Sarkozy. Il "n'a aucune chance d'être réélu", affirmait-elle à la mi-avril. Et au soir du 1er tour, surfant sur ses 17,90% et 6,4 millions d'électeurs, elle posait déjà son parti en "seule et véritable opposition à la gauche ultralibérale, laxiste et libertaire".

"Avec 18%, si Hollande l'emporte au second tour, ça ouvre de très belles perspectives", confiait alors un cadre du FN, en espérant "une vague rose et un Front haut aux législatives pour ratiboiser l'UMP". Une bonne part de la stratégie frontiste repose en effet sur les difficultés de la droite. 

"Plus l'UMP s'écartèle, plus le Front national en bénéficie", explique le politologue Jean-Yves Camus, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Tout au long de l'entre-deux-tours, la présidente du FN s'est employée à pousser le parti présidentiel dans ses retranchements, en faisant sans cesse monter les enchères.

Des alliances UMP-FN ?

Ainsi, en réponse aux tentatives permanentes de Nicolas Sarkozy de séduire son électorat, elle a demandé à l'UMP de prendre position sur les éventuels cas de duels entre la gauche et le FN au second tour des législatives.

L'absence de réponse en sa faveur lui a permis d'accuser Nicolas Sarkozy de double langage et d'"escroquerie électoraliste", et de justifier son vote blanc du second tour.

"Manifestement l'attitude de l'UMP n'a pas plu aux électeurs", a commenté dimanche soir Nicolas Bay l'un des porte-parole de Marine Le Pen. "Il y a eu un rejet de l'appareil de l'UMP, des dirigeants de l'UMP", a-t-il ajouté.

Désormais, "si la 'stratégie Buisson' (du nom du conseiller de Nicolas Sarkozy venu de l'extrême droite) est remise en cause, Marine Le Pen va se retrouver seule à occuper ce terrain, et si cette stratégie est maintenue, ça veut dire que la question des alliances" entre l'UMP et le FN "se pose", explique pour sa part Sylvain Crépon, chercheur au Sophiapol de l'université de Nanterre et spécialiste du FN. "Mais la suite va aussi dépendre des législatives", ajoute-t-il.

De l'importance du "3e tour"

Un "3e tour" sur lequel mise beaucoup Marine Le Pen pour faire entrer des élus à l'Assemblée nationale, où le FN est absent depuis 1998. Mais aussi pour provoquer encore plus de dégâts à l'UMP. Aux législatives de 1997, en se maintenant dans de nombreuses circonscriptions, le parti d'extrême droite avait notamment contribué à la déroute de la droite.

A priori, les choses semblent plutôt bien engagées. Au 1er tour de la présidentielle, la candidate du FN est arrivée en tête ou en deuxième position dans 116 circonscriptions et a dépassé la barre des 25% dans 59 d'entre elles.

Mais le scrutin majoritaire à deux tours "nous est extrêmement défavorable", n'a pas caché Nicolas Bay. Aux cantonales de mars 2011, le mouvement d'extrême droite avait dépassé  au 1er tour les 30% dans de nombreux cantons. Une semaine plus tard, il n'obtenait que deux élus.