Immigration : Guéant suscite la polémique

"Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on leur impose un mode de vie", a dit Claude Guéant.
"Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on leur impose un mode de vie", a dit Claude Guéant. © EUROPE 1
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avec AFP , modifié à
Les Français "ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux", a jugé le ministre de l'Intérieur.

Les propos de Claude Guéant jeudi matin sur Europe 1 provoquent un tollé. "Les Français à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale", a jugé le ministre de l’Intérieur jeudi matin sur Europe 1. "Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on leur impose un mode de vie", a-t-il insisté.

Claude Guéant : "Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie" (l'extrait est à 7'10) :

Cette prise de position a entraîné de très nombreuses réactions dans la classe politique. Chez les socialistes, on estime le ministre de l’Intérieur marche sur les plates-bandes de l’extrême-droite. "Guéant double le FN sur sa droite", a réagi Harlem Désir, numéro 2 du PS, ajoutant que "c'est quand l'Etat n'est plus dirigé par des républicains que ‘les Français ne se sentent plus chez eux’". Un avis partagé par Martine Aubry : "C'est vraiment se moquer des valeurs de la République", a déclaré la première secrétaire du Parti socialiste.

"Du cynisme venimeux" pour Duflot

Même son de cloche chez François Hollande. "Le meilleur service que pourrait rendre Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, serait aujourd'hui de se taire et d'éviter d'utiliser les mots qui sont généralement ceux qui heurtent quand ils sont émis par les leaders du Front national", a tranché l’ancien premier secrétaire du PS.

La condamnation est identique chez les écologistes. "C'est plus qu'un dérapage, c'est décidé, c'est du cynisme venimeux, et c'est triste" a réagi Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts. "J'espère que ce sera dévastateur pour le parti qu'il est censé représenter", a-t-elle ajouté.

"Une lepénisation au sommet de l'Etat"

Au Front national, Marine Le Pen a fait le choix de l'ironie. Elle a raillé jeudi le ministre de l'Intérieur, "touché par la grâce" avant les élections cantonales dont le premier tour se tient ce dimanche. "Cela relève de "l'enfumage habituel sarkozyste", a jugé la présidente du Front national. Marine Le Pen a même "fait faire une carte d'adhérent de prestige" à Claude Guéant, une carte qu'il "mérite".

La sortie de Claude Guéant embarrasse également dans les rangs de la droite. Le député villepiniste Jean-Pierre Grand a qualifié jeudi "d'insupportable" et de "politiquement suicidaire" la déclaration du ministre de l'Intérieur. "Ça montre qu'il y a une lepénisation au sommet de l'Etat", a déclaré l'élu du l'Hérault.