Hollande met en colère l'extrême gauche

François Hollande s'est exprimé dans la presse britannique.
François Hollande s'est exprimé dans la presse britannique. © MAXPPP
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avec Reuters , modifié à
Les déclarations du socialiste dans la presse anglo-saxonne ont provoqué l'ire de Jean-Luc Mélenchon.

Ses déclarations à la presse anglo-saxonne visaient simplement à rassurer le monde de la finance, qu'il avait présenté plus tôt dans sa campagne comme son "principal adversaire". Mais les propos de François Hollande dans le Guardian, lundi, ont visiblement déplu à ses alliés communistes.

Dans le quotidien britannique, répondant à un journaliste qui s'inquiétait de l'arrivée de la gauche au pouvoir en France, le candidat socialiste déclare : "les années 80 étaient une époque différente. Les gens disaient qu'il y aurait des chars soviétiques sur la place de la Concorde. Cette époque est révolue, c'est de l'Histoire".

Le candidat socialiste affirme au passage qu’en France, "il n’y a plus de communistes". "La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans au cours desquels nous avons libéralisé l’économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n’y a rien à craindre", assure-t-il, quelques jours avant une visite à Londres.

Des "génuflexions" qui "font mal à la gauche"

Cette sortie lui a aussitôt valu de vives réactions de l’extrême gauche française. Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche, a notamment dénoncé une attitude " hautaine insupportable". "Je suis le candidat des communistes", et "il est mauvais observateur", a ajouté l'ex-sénateur PS. Le PCF, lui, a revendiqué ses "132.000 adhérents" et "10.000 élus". 

Alors que le patron du PCF, Pierre Laurent a parlé de "grosses bêtises", Olivier Dartigolles, porte-parole du parti, a estimé quant à lui que les "génuflexions" du candidat devant la City "font mal à la gauche". Dans un communiqué, l’ancienne ministre communiste Marie-Georges Buffet a, pour sa part, surfé sur la sortie du film La Dame de fer, dans lequel Meryl Streep incarne Margaret Thatcher : "ce n’est pas parce que Meryl Streep redore la beauté de Margaret Thatcher qu’il faut se laisser séduire par les sirènes du libéralisme".

Hollande rectifie le tir

Mardi, lors d’une visite à Saint-Etienne, François Hollande a voulu calmer le jeu et précisé ses propos, parlant de "respect" pour la gauche de la gauche, et invoquant un nécessaire "rassemblement" de la gauche. François Hollande a précisé : "oui il y a un Parti communiste, il y a des communistes bien sûr, mais enfin, il ne sont plus ce qu'ils étaient en 1981".

Un peu plus tard, le socialiste a ajouté : "François Mitterrand a été élu alors qu'il était allié au PCF qui représentait près de 20% des électeurs, il était sur une politique jugée particulièrement redoutable pour les marchés de l'époque. Aujourd'hui, la situation est différente, la gauche a déjà gouverné le pays et c'est bien que les communistes soient encore là. Moi j'ai du respect pour le parti communiste".

Sarcasmes à droite

Les propos du candidat PS ont suscité quelques sarcasmes à droite. "Cela s'appelle tenir un double langage. En janvier, le monde de la finance est le seul véritable adversaire du candidat socialiste. En février, la gauche a bien fait de libéraliser les marchés et la finance. En mars, on change encore d'avis ou on attend avril ?", a réagi le ministre de la Coopération Henri de Raincourt.

Hommage à Tony Blair

Si le candidat socialiste a désigné, le 22 janvier dernier, le "monde de la finance" comme son principal adversaire, il a néanmoins tenu à rassurer celui-ci, selon le Guardian. François Hollande a en effet assuré au quotidien britannique qu’il n’était pas "agressif" ni vu en France comme quelqu’un de très à gauche en matière de régulation de la finance. Il a revendiqué une position proche de celle de Barack Obama, glissant : "on pourrait dire qu’Obama et moi avons les mêmes conseillers".

François Hollande a aussi rendu hommage à Tony Blair, l'ex-Premier ministre travailliste, un homme "tellement intelligent qu’il n’avait pas besoin d’être arrogant". Il lui reproche cependant d’avoir "succombé à l’idée dominante selon laquelle les marchés pourraient s’autoréguler et à la notion selon laquelle les marchés et le libéralisme pouvaient être facteur de croissance […] on a vu les conséquences".