Hollande assume son style de présidence

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Fabienne Cosnay , modifié à
Dans un entretien au Monde, le président justifie sa méthode et prône la constance.

François Hollande le reconnaît : être président de la République est tout sauf simple. "Si je suis lointain, on dit : "Il est hautain." Si je suis réactif, on dit : "Il fait du Sarkozy." Si je prône le compromis, on dit : "Il est hésitant." Dans un entretien exclusif accordé au Monde et à la veille d'une intervention très attendue au 20 heures de TF1, le président, critiqué de toutes parts, justifie sa méthode et prône "la constance" dans son action. "Je ne veux pas être comme le bouchon au fil de l'eau : changer, passer d'un état à un autre. Il faut de la constance. Un style, cela s'imprime au fur et à mesure", assure t-il au quotidien.

L'héritage Sarkozy

Dans cette interview, François Hollande assume pleinement de ne pas être dans la réactivité permanente, comme l'était son prédécesseur. "Nicolas Sarkozy a été rejeté par les Français, mais il a laissé entre eux et le pouvoir exécutif une relation passionnelle. Il a imposé l'habitude d'une réactivité maximale, ancré l'idée du ‘je parle, donc je gouverne’, du ‘j'annonce, donc je décide’", explique t-il.

"Je dois revenir sur tout cela, réhabituer les Français à ce qu'ils aient un Premier ministre à part entière après ces années où François Fillon a pris la posture d'être toujours ‘de côté’, les réhabituer à ce que le Parlement soit considéré, à ce que le gouvernement soit valorisé", estime le chef de l’Etat.

Une question de chronologie

Le président reconnaît un décalage entre lui et les Français. "Dans cette période marquée par la montée des prix, les plans sociaux et la hausse du chômage, la chronologie des Français ne correspond pas à celle de l'action gouvernementale". Mais, dans l'ensemble, il assume le tempo choisi depuis sa prise de fonctions. "Je continue de penser que j'ai eu raison de faire prévaloir une démarche de concertation plutôt qu'une accumulation de décisions heureuses ou malheureuses, dit-il, estimant n'avoir pas créé davantage de commissions de réflexion que son prédécesseur Nicolas Sarkozy.

Interrogé sur son style de présidence, François Hollande estime qu'il lui revient "de façonner une conception nouvelle de la présidence de la République. "On n'est plus dans le septennat, mais on ne sait pas encore ce qu'est vraiment le quinquennat : celui de Chirac a été anormal compte tenu des circonstances de sa réélection, celui de Sarkozy a été excessif compte tenu de la façon dont le pouvoir a été exercé", dit-il encore.

Les ministres recadrés

Alors qu'il décrit ses relations avec Jean-Marc Ayrault de "très fluide", François Hollande ne se prive pas pour recadrer certains des membres du gouvernement. "La plupart découvrent ce que c'est que d'être ministre. Il faut qu'ils apprennent à ne plus commenter à tout bout de champ hors de leurs domaines de compétence", prévient-il. Et de rappeler les règles du jeu. "J'ai demandé à Jean-Marc Ayrault de réunir les ministres par pôles. Je veux que ce soit avec lui que les arbitrages se fassent".