Hollande: Sarkozy "parle plus qu'il n'écoute"

A deux mois du premier tour, Hollande publie "Changer de destin"
A deux mois du premier tour, Hollande publie "Changer de destin" © REUTERS
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Hélène Favier et Camille Langlade , modifié à
Changer de destin sort jeudi. Le Nouvel Obs en publie les bonnes feuilles.

Le titre est un croisement entre son slogan et une confession. Jeudi, François Hollande publie Changer de destin aux Editions Robert Laffont. Dans cet ouvrage tiré à 50.000 exemplaires, le candidat socialiste à la présidentielle évoque son parcours personnel, ses déceptions politiques, son ambition pour la France. Il livre quelques phrases sur sa compagne, la journaliste Valérie Trierweiler, qui lui a "apporté le soutien, les conseil et surtout le bonheur personnel qui est indispensable pour mener une telle bataille". Il y dresse aussi le portrait de ses adversaires. Acides.

Voici quelques extraits des bonnes feuilles de l’ouvrage publiées par Le Nouvel Observateur.

SON CHEMINEMENT 

> Mitterrand encore et toujours

A plusieurs reprises dans la campagne, François Hollande s’est placé dans les pas de François Mitterrand, se rendant, par exemple, sur sa tombe pour le 16e anniversaire de sa mort. Dans son livre, le candidat évoque encore fois cette figure tutélaire. "Je suis de la génération Mitterrand", écrit-il, ajoutant : "Quelle émotion fut la mienne au soir du 10 mai 1981 ! Enfin nous allions éprouver nos espérances au fur contact du réel ! Même si elles ne la résument pas, il y a des journées qui justifient une existence". Et l'élu de Corrèze espère : "A trente ans de distance, comme approche la prochaine échéance, ce beau souvenir de la fin du dernier siècle nourrit un bel espoir pour celui qui commence".

> Une dispute avec Jospin

François Hollande évoque ensuite une de ses déceptions politiques. Celle de 2002, quand Jean-Marie Le Pen atteint le second tour de la présidentielle. "Je n’avais pas anticipé ce résultat mais j’en avais détecté les signes avant-coureurs", écrit François Hollande avant d’évoquer pour la première fois un échange "vif" avec Lionel Jospin. "La campagne me paraissait désincarnée et l’on faisait faire au candidat tant de choses qu’il ne les maîtrisait plus (…). Je m’en suis ouvert à Lionel Jospin dans une discussion vive. C’était le samedi 20 avril, veille du premier tour. Il m’avait répondu qu’il reverrait le dispositif le lundi suivant". Le dimanche, Lionel Jospin annonçait, après son élimination, son retrait de la vie politique.

>  La campagne de Ségolène Royal

De 2002 à 2007. François Hollande évoque enfin la dernière campagne électorale. "Ségolène Royal s'était déclarée. Elle avait la faveur de l'opinion. Je me suis effacé sans aucune réserve, même si nos vies personnelles se séparaient. Elle a fait, avec force, une campagne courageuse face à un adversaire qui est parvenu, contre toute évidence, à incarner la rupture", écrit le candidat PS, évoquant sa "tristesse personnelle" au sujet de la défaite de la candidate, avant d'expliquer, qu'en 2012, son tour était venu. "Je n'ai pas pris cette décision à la légère, elle n'est pas seulement l'aboutissement d'un combat politique mené depuis 30 ans, au service de mon parti et de mes concitoyens.. Je suis candidat pour changer le destin de la France", explique-t-il.

CE QU'IL DIT DES AUTRES CANDIDATS

> Ce qu’il dit de Nicolas Sarkozy

Outre ses motivations et son parcours, François Hollande profite de Changer de destin pour livrer un portrait acide de son adversaire Nicolas Sarkozy, qu’il concède "connaître peu". "Il fait partie de ces personnalités qui parlent plus qu’elles n’écoutent", estime ainsi l’élu de Corrèze qui garde de ses débats télévisés avec le président sortant le souvenir "d’un homme énergique et vif, rempli d’une certitude. La sienne !"

> Ce qu'il dit de François Bayrou 

Le député de Corrèze a également la dent dure contre François Bayrou, son rival du MoDem, "cet intrépide chevalier de la petite escouade centriste", qui a "du panache", mais un "panache gris": "son programme est un anti-programme. Comme si ne rien promettre résumait une politique. En le lisant, je suis saisi par la peur du vide". Selon lui, "se refusant de définir sa majorité, il n'en trouvera aucune".

> Ce qu'il dit de Jean-Luc Mélenchon

L'ancien ministre socialiste est ménagé par François Hollande, qui voit en lui un "militant sincère", qui a su "capter ce qui reste de l'ancienne force du PC".

François Hollande avait déjà publié, il y a 6 mois, durant la primaire socialiste, Le rêve français.