Hayange : un maire FN repeint une œuvre d'art, l'artiste fâché

Le maire frontiste de Hayange, Fabien Engelmann
Le maire frontiste de Hayange, Fabien Engelmann © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Un maire frontiste de Moselle, Fabien Engelmann, a pris le décision de repeindre une fontaine en bleu, sans informer son créateur, qui proteste.

La municipalité FN de Hayange, en Moselle, qui a décidé de repeindre en bleu une sculpture du centre-ville jugée "sinistre", s'est attirée les foudres de l'artiste qui s'étonne de ne pas avoir été prévenu et entend porter le litige devant les juridictions administratives. L'oeuvre, une fontaine en métal et pierre, avait été achetée en 2001 par la municipalité socialiste de l'époque à un artiste local, Alain Mila, qui a depuis quitté la région.

Un bleu "Front national" ? "Il y a quelques jours, j'ai reçu un coup de fil anonyme pour m'annoncer que ma fontaine avait été repeinte. Je n'y ai d'abord pas cru, mais un ami me l'a ensuite confirmé. La mairie ne m'avait rien dit! Et quand je les ai appelés, je n'ai pas eu d'explication", a expliqué Alain Mila. L'artiste, qui juge en outre que le bleu utilisé "est très proche de celui du logo du Front national", a attaqué la collectivité devant le tribunal administratif de Strasbourg. "Qu'on enlève la peinture", a-t-il exhorté, en déplorant "une atteinte à tout (son) travail et à (ses) valeurs".

"On a une ville lugubre". Le maire frontiste de Hayange, Fabien Engelmann, a dit assumer son choix et "ne pas comprendre qu'on fasse tout un pataquès" pour une oeuvre, selon lui, "dont on peine à appeler ça de l'art". "Il n'y avait rien de mal à faire ça. On a une ville assez lugubre, sinistre, on a voulu l'égayer. On a repeint le fond en bleu piscine, le reste en bleu turquoise... Ca n'était en aucun cas pour détériorer la fontaine", a-t-il expliqué. Du fait de cette polémique, le maire souhaite d'ailleurs "revendre la fontaine à M. Mila", en rappelant qu'elle avait été achetée en 2001 "près de 9.000 euros, sans le moteur et la tuyauterie".

La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti , a pour sa part dénoncé "une violation manifeste du droit moral et des règles élémentaires du code de la propriété intellectuelle et de la protection du patrimoine".