Harkis : Sarkozy déclare l'Etat responsable

Le président a reconnu la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis, une promesse qu'il avait faite avant d'être élu en 2007.
Le président a reconnu la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis, une promesse qu'il avait faite avant d'être élu en 2007. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Le président l'avait promis lors de la campagne présidentielle de 2007.

A un mois de la fin de son mandat, le candidat de l'UMP à sa propre succession a brièvement repris sa casquette de chef de l'Etat pour tenir enfin une promesse qu'il avait faite en 2007. Nicolas Sarkozy a ainsi officiellement reconnu samedi la "responsabilité historique" de la France dans "l'abandon" des harkis à la fin de la guerre d'Algérie en 1962.

"La France se devait de protéger les harkis, elle ne l'a pas fait"

Après une visite - une première pour un président de la Ve République - du camp de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales où de nombreux harkis ont été parqués à leur arrivée en France en 1962, Nicolas Sarkozy a prononcé des mots attendus depuis cinquante ans. "La France se devait de protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici à Perpignan", a-t-il dit sous les applaudissements de nombreux harkis et rapatriés d'Algérie.

"La France doit, comme elle l'a toujours fait, regarder son histoire en face et assumer les erreurs qu'elle a pu commettre. En l'occurrence, rien ne peut expliquer, rien ne peut excuser l'abandon de ceux qui avaient fait le choix de la France", a insisté le chef de l'Etat. "Maintenant que la faute a été reconnue, c'est le temps du pardon et de la réconciliation", a-t-il demandé.

"C'est notre bulletin de vote qui l'intéresse, pas nous"

Les membres de la communauté eux-mêmes ont accueilli avec prudence le geste de Nicolas Sarkozy. "C'est un premier pas", a confié Nordine Abid, responsable d'une association de harkis de l'Hérault, "mais gare aux effets de manche, le combat continue". "Il avait cinq ans pour le faire et il vient à une semaine des élections", a grogné, amer, Mohammed Bounoua. "c'est notre bulletin de vote qui l'intéresse, pas nous", a-t-il regretté.

Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d'Algérie, 55.000 à 75.000 harkis, selon les historiens, ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles. Quelque 60.000 ont été admis en France, logés dans des camps de fortune du sud du pays. Depuis 2001, une journée nationale d'hommage aux harkis commémore l'engagement des harkis pendant la guerre d'Algérie.

Un premier pas en mars

A l'approche de la présidentielle et du 50e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie, ce dossier est revenu en tête des priorités du président-candidat, avec l'ambition de regagner les voix d'une communauté des harkis et des rapatriés d'Algérie que lui dispute âprement le Front national. Début mars, Nicolas Sarkozy avait déclaré que la France avait une "dette" vis-à-vis des harkis, sans aller jusqu'à annoncer les excuses et réparations promises il y a cinq ans.

Pendant sa campagne électorale en 2007, Nicolas Sarkozy avait promis de reconnaître "officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis", ainsi que des "réparations". Une promesse que leurs associations lui reprochaient jusque-là de ne pas avoir tenue.