Guérini : un clientélisme bien installé

Le rapport de la commission d'enquête du PS doit être remis au siège du parti le 20 juin.
Le rapport de la commission d'enquête du PS doit être remis au siège du parti le 20 juin. © MAXPPP
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avec Thierry Guerrier , modifié à
- Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône est à la fois employeur et chef de file politique.

Cela risque d'être une véritable bombe à retardement pour le PS. Après avoir bouclé ses auditions à Marseille et à Paris, et entendu Jean-Noël Guérini, la commission d'enquête du PS a recueilli de nombreux éléments attestant d'un clientélisme fréquent dans la fédération des Bouches-du-Rhône. Cela pourrait même aller jusqu'au conflit d'intérêt.

La commission d'enquête, formée de neuf membres et présidée par l'ancien ministre Alain Richard, a recueilli sur Marseille les témoignages de quelque 70 élus, cadres et militants au sujet des pratiques du président du conseil général des Bouches-du-Rhône. Et le constat est sans appel. Selon les informations obtenues par Europe 1, plus de la moitié des militants de la section personnelle de Jean-Noël Guérini, dans le quartier du Panier, n'habitent pas son arrondissement.

Employeur et leader politique

Par ailleurs, de très nombreux cadres du PS marseillais sont aussi des employés du conseil général des Bouches-du-Rhône. Jean-Noël Guérini est donc à la fois leur employeur et leur chef de file politique. "Oui, la vie de la fédération n'est pas normale", ont d'ailleurs reconnu certains ténors politiques locaux.

Les pratiques du PS dans les Bouches-du-Rhône ont été pointées en mars dernier par le député PS Arnaud Montebourg qui a accusé Guérini de "clientélisme et de gestion de sa fédération par la peur", et réclamé sa destitution "au vu des menaces judiciaires" qui pèseraient sur lui.

Effet boomerang pour Aubry

C'est l'affaire Alexandre Guérini qui a commencé à créer des soupçons sur cette fédération du PS. Le frère du président socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône a été mis en examen pour abus de biens sociaux, détournements de biens publics, recel de détournements de fonds publics et blanchiment en bande organisée. Il est soupçonné également d'avoir corrompu une fonctionnaire en charge de l'attribution des HLM.

Pour l'heure, c'est à la première secrétaire du PS de trancher sur le dossier Jean-Noël Guérini et sur les conclusions de ce rapport d'enquête dont le plan est déjà prêt. Le responsable de la commission, Alain Richard, doit rencontrer jeudi Martine Aubry. Le rapport doit être remis au siège du parti le 20 juin.

Mise sous tutelle ?

La commission est embarrassée : si elle préconise la mise sous tutelle de la fédération marseillaise, d'autres élus élus pourraient être mis sur la sellette, qui embauchent eux aussi leurs militants, dans les collectivités qu'ils dirigent. Et cela pourrait avoir un effet boomerang pour la probable candidate aux primaires socialistes.