Grèce : les incendies ne faiblissent pas

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
63 morts depuis samedi en Grèce et les pompiers redoutent que ce bilan ne s'alourdisse. Le Péloponnèse et l'île d'Eubée sont toujours la proie des flammes. Près de 2.000 pompiers et soldats sont à pied d'oeuvre, assistés par des pompiers, des hélicoptères et des avions venus de France, d'Espagne et d'Italie. Parallèlement, la polémique fait rage. A trois semaines des élections législatives, l'opposition grecque taxe le gouvernement de Costas Karamanlis d'incompétence.

Désespérés, les habitants de villages grecs encerclés par les flammes ont lancé lundi des appels à l'aide tandis que le vent continue à attiser les incendies qui ravagent le pays. Le gouvernement grec a déclaré l'état d'urgence mais semble bien dépassé par la situation. Beaucoup de sinistrés se sont refugiés sur les rives des fleuves, impuissants face à des flammes géantes qui consument maisons, fermes et forêts. "Le feu est aux portes de notre village. Rien n'a été fait. Nous sommes tout seuls", a déclaré à la chaîne de télévision Antenna un habitant du village de Frixa, dans le Péloponnèse, région la plus touchée. "Beaucoup de gens sont descendus près du fleuve. Au nom de Dieu, quelque chose doit être fait pour qu'il n'y ait pas d'autres morts." Ces incendies, les pires en Grèce depuis des décennies, ont semé la destruction dans tout le pays, du Péloponnèse, à l'extrémité sud du pays, jusqu'à Ioannina, ville du Nord, anéantissant des centaines de villages. Ils font rage depuis quatre jours, ont fait des milliers de sans-abri et 63 morts, mais l'on craint que d'autres personnes aient péri dans des villages encore inaccessibles, selon les pompiers. Le gouvernement a offert jusqu'à un million d'euros de récompense pour aider à l'arrestation des pyromanes qu'il accuse d'avoir joué un rôle majeur dans cette série noire dévastatrice. Une enquête préliminaire a été ouverte, sept personnes ont déjà été inculpées pour incendie criminel. De nombreux maires des régions touchées ont accusé des promoteurs immobiliers d'avoir déclenché les incendies pour libérer de nouveaux terrains constructibles. Les pompiers, débordés, appuyés par des avions dépêchés par d'autres pays européens, des soldats et des volontaires tentent d'empêcher les flammes d'atteindre la ville de Krestena, dans le Péloponnèse, et ses 5.000 habitants. Les cyprès et les pins entourant Olympie ont pris feu dimanche mais les pompiers ont réussi à préserver le site au bout de plusieurs heures d'efforts. Les flammes ont roussi la cour du musée, où sont exposées des pièces d'architecture rares telle que la célèbre statue d'Hermès portant l'enfant Dionysos dans ses bras. Mais l'incendie continuait lundi à ravager les villages environnants, poussant des milliers de personnes à fuir et à s'abriter dans des écoles, des hôtels et des centres de santé. Les incendies, qui se sont déclarés vendredi dans le Péloponnèse, ont atteint jusqu'à la banlieue d'Athènes et recouvert la capitale d'une épaisse fumée de cendres blanche. L'odeur de fumée est omniprésente et les drapeaux ont été mis en berne dans le cadre d'un deuil national de trois jours. L'opposition grecque taxe le gouvernement de Costas Karamanlis d'incompétence et les journaux titraient lundi en "une" : "Honte à l'effondrement de l'Etat". Dépassée, la Grèce a fait appel à ses partenaires européens. Des avions dépêchés par la France, l'Espagne et l'Italie participent déjà aux opérations et des pompiers chypriotes, français et israéliens sont venus appuyer leurs homologues grecs. Le gouvernement conservateur s'est vu reprocher d'avoir réagi trop lentement à une première série de feux qui avait fait dix morts cet été et cette nouvelle vague d'incendies devrait peser lourd lors des élections législatives du 16 septembre. La campagne électorale a été interrompue mais le gouvernement a assuré que le scrutin aurait bien lieu à la date prévue.