Génocide arménien : le texte adopté

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avec AFP , modifié à
La Turquie a aussitôt annoncé le rappel de son ambassadeur en poste à Paris.

L’indignation de la Turquie n’a rien changé. Dans un hémicycle aux rangs clairsemés, les députés ont adopté jeudi à une large majorité la proposition de loi UMP visant à pénaliser la négation des génocides, dont celui des Arméniens en 1915. Le vote s’est produit dans un contexte tendu : la Turquie a fait part de son désaccord avec le texte. Et la réaction turque ne s'est pas faite attendre : Ankara a aussitôt annoncé le rappel de son ambassadeur en poste à Paris.

A l’extérieur de l’Assemblée nationale, plusieurs milliers de manifestants, en grande partie d’origine turque, se sont rassemblés jeudi. De son côté, l'Arménie a exprimé sa "gratitude" par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian.

La proposition de loi de la députée Valérie Boyer a été adoptée à main levée par une grande majorité des... cinquante députés présents dans l’hémicycle. Seuls une demi-douzaine d’élus ont voté contre.

"Pas une loi contre la Turquie"

Ce texte prévoit un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende pour toute personne niant publiquement l’un des deux génocides reconnu par la loi française. Jusqu’à présent, seule la négation du génocide des Juifs pendant la seconde guerre mondiale était punie par la loi.

Lors des débats, le député UMP Renaud Muselier a déploré le "négationnisme d’Etat" du gouvernement turc à l’égard du génocide arménien, mais a tenu à préciser que le texte n’était "pas une loi contre la Turquie". Pour le socialiste Dominique Raimbourg, cette proposition de loi est la "suite logique" de la loi de 2001 reconnaissant le génocide arménien. Il a cependant relevé que la discussion "n’était peut-être pas de nature à apaiser les passions à quelques mois de l’élection présidentielle"

Au tour du Sénat

Le texte doit maintenant passer devant le Sénat. Jean-Christophe Lagarde, député centriste, a demandé au gouvernement d'"inscrire rapidement" le texte à l'ordre du jour.

Patrick Devedjian, député UMP des Hauts-de-Seine et lui-même d'origine arménienne, a estimé qu'il y avait "une majorité au Sénat pour voter ce texte". Il s'est félicité du consensus gauche droite "pour faire avancer les droits de l'Homme" et a affirmé que le vote n'aurait "aucun effet électoral dans un sens ou dans l'autre".