Fillon se détache (vraiment) de Sarkozy

Il existe entre Nicolas Sarkozy  et François Fillon une "différence d'approche irréconciliable", estime l'ancien Premier minsitre.
Il existe entre Nicolas Sarkozy et François Fillon une "différence d'approche irréconciliable", estime l'ancien Premier minsitre. © Reuters
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avec Aurélie Herbemont , modifié à
L'ex-Premier ministre évoque une "différence d'approche irréconciliable".

C'est François Fillon lui-même qui le dit : il existe entre Nicolas Sarkozy  et lui une "différence d'approche irréconciliable". Si l'ex-premier ministre a déjà fait entendre sa différence avec le président sortant, cette fois-ci, il semble tout simplement prendre son indépendance. "Irréconciliable", le mot, prononcé dans un documentaire signé Franz-Olivier Giesbert, que France3 diffusera le 8 mai, est sans ambiguïté.

Quelle est cette "différence d'approche"? Ce qui forge le caractère "irréconciliable" de leur approche, c'est la différence d'attitude à adopter vis-à-vis du Front national. L'ancien Premier ministre l'explique ainsi : "Nicolas Sarkozy pense que le FN est à combattre parce qu'il affaiblit la droite. Moi, je pense qu'il est à combattre parce qu'il est en dehors des limites du pacte républicain." "Ça, c'est une vraie divergence", souligne l'ancien locataire de Matignon dans le documentaire. François Fillon marque donc une réelle divergence avec l'ancien président et ce que l'on appelle la ligne Buisson, du nom de ce conseiller de Nicolas Sarkozy issu de l'extrême droite, qui a influencé l'UMP durant toute la campagne présidentielle 2012, consistant à vouloir siphonner l'électorat de l'extrême droite en mettant l'accent sur leur thème de prédilection.

Des précédents mais pas autant. Le terme est fort et la rupture semble désormais consommée. Mais ce n'est pas la première fois que François Fillon fait entendre sa petite musique. Déjà l'an dernier, entre les deux tours de la présidentielle, il martelait "je n'aime pas qu'on critique les syndicats", au moment même où Nicolas Sarkozy faisait campagne contre tous les "corps intermédiaires". "Depuis 2007, Fillon cultive une différence avec Sarkozy pour assumer son existence politique", observe un fidèle de l'ancien président cité par Le Monde. "Mais les nuances d'analyse entre François Fillon et Nicolas Sarkozy sur la question du FN n'empêchent pas une affection réelle entre eux", nuance, pour sa part, le filloniste Jérôme Chartier dans les colonnes du journal du soir, qui rappelle la "loyauté" de son mentor envers Nicolas Sarkozy durant le précédent quinquennat.

Les tirs sur Hollande s'intensifient. Pas question d'ailleurs pour l'ex locataire de Matignon d'affaiblir sa famille politique… sans tirer deux fois plus fort sur la gauche. Dans une interview à paraitre vendredi dans le Figaro magazine, François Fillon dénonce ainsi un François Hollande qui "conduit le pays à la catastrophe" et il redoute "une décomposition psychologique et morale du pays". Selon lui, "le quinquennat est en miettes, brisé, comme les espoirs que ses électeurs avaient mis dans l'élection de François Hollande". Français Fillon ne reproche rien de moins au chef de l'Etat qu'un "manque de courage", de "mauvaises décisions" et "un mélange de faiblesses et d'erreurs".

Objectif 2017. François Fillon prend de l'altitude dans un but précis : 2017. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il semble avoir tiré un trait définitif sur la présience de l'UMP. "La clarification des statuts de l’UMP, la décision d’organiser des primaires ouvertes - pour 2017 - et la gravité de la crise rendent cette compétition interne moins stratégique", explique-t-il au Figaro Magazine. "C'est du langage diplomatique. Sa priorité, c'est la présidentielle", ironise d'ailleurs l'un de ses proches contacté par Europe1. Et il aurait, pour le moment, tort de ne pas y penser, au moins en se rasant : un sondage TNS Sofres le place en tête des personnalités que les Français veulent voir jouer un "rôle important dans à l'avenir", à égalité avec Manuel Valls (37%). Nicolas Sarkozy est toutefois juste derrière, à 35%, à égalité avec François Bayrou.