"Fascisme", "trotskisme" et Mediapart

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avec agences , modifié à
Pour défendre Eric Woerth, la majorité multiplie les attaques tous azimuts contre Mediapart.

Ils tirent, les uns après les autres, à boulets rouges. Les ténors de la majorité montent depuis mardi au créneau pour défendre Eric Woerth, le ministre du Travail malmené dans l’affaire Bettencourt. Leur cible a été vite trouvée : Mediapart, le site qui multiplie les révélations depuis quelques jours. Leur plan de bataille est classique : multiplier les références à des périodes particulièrement sombres de l’Histoire.

Les années 30...

Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a ouvert le bal mardi soir lors d’une réunion publique en Seine-Saint-Denis, en dénonçant pour la première fois des méthodes d’investigation journalistique "fascistes", un qualificatif très connoté. Mercredi, à la sortie du conseil des ministres, Nadine Morano, la secrétaire d’Etat à la Famille, a elle aussi attaqué, mais au pluriel cette fois, "des sites internet qui utilisent des méthodes fascistes", "des méthodes des années 30". Une référence à une période marquée par la montée des ligues d’extrême-droite, mais qui reste floue.

... puis les années 70

Dans la même intervention, la secrétaire d’Etat s’est projetée quarante ans plus tard pour dénoncer, dans une expression fourre-tout, "une espèce de collusion médiatico-politico-trotskyste qui essaie de jeter l'honneur d'Eric Woerth" en pâture. Une référence à la jeunesse militante au sein de la Ligue communiste révolutionnaire d'Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, dans les années 70.

C’est à Nicolas Sarkozy qu’on doit la troisième et dernière référence historique de la salve d’attaques, cette fois datée des années 80. Toujours à propos d’Edwy Plenel, le président de la République a lâché devant des députés : "Il s'est drapé dans le rôle du martyr des écoutes de Mitterrand et maintenant il les utilise sans réserve éthique ni méthodologique".

Des attaques "insupportables"

"Virulence des termes employés" et "comparaisons historiques" : pour la sénatrice PS Catherine Tasca, il y a danger à utiliser une telle rhétorique. "Venant du pouvoir, ces attaques s'apparentent à des menaces insupportables contre ces journalistes et contre l'ensemble de la profession", a mis en garde l’ancienne ministre de la Culture. François Hollande, l’ex-premier secrétaire du PS, a lui demandé que "le sang-froid revienne".

- Vous avez du mal à suivre ? Europe1.fr vous résume les épisodes de l’affaire Bettencourt.