Fabius :"probable" implication de la Syrie au Liban

Le ministre des Affaires étrangères estime que Bachar el-Assad pourrait être derrière l'attentat de Beyrouth.
Le ministre des Affaires étrangères estime que Bachar el-Assad pourrait être derrière l'attentat de Beyrouth. © EUROPE1
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Le ministre des Affaires étrangères estime que Bachar el-Assad pourrait être derrière l'attentat de Beyrouth.

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de retour d'une visite surprise en Afghanistan était l'invité du Grand Rendez-vous sur Europe 1, dimanche matin. Le chef de la diplomatie s'est exprimé au sujet de l’attentat qui a couté la vie au chef des renseignements de la police, Wissam al-Hassan, à Beyrouth, vendredi. Prié de dire s'il voyait dans cette opération la "marque criminelle" de Damas, Laurent Fabius a répondu : "c'est probable".

Bachar est un manipulateur

"On ne sait pas encore exactement qui est derrière, mais tout indique que c'est le prolongement de la tragédie syrienne. Je voudrais dire à quel point nous condamnions cet attentat", a-t-il ajouté, soulignant que "cela rend encore plus nécessaire le départ de Bachar el-Assad". "Nous sommes très très proches du Liban, ce sont nos frères, nos cousins. Nous voulons absolument la cohésion du Liban" a rappelé le chef de la diplomatie. "Mais l'intérêt de Bachar, qui est un manipulateur, est d'essayer d'élargir la contagion [de la révolte] à la Turquie, au Liban", a-t-il estimé.

"Il a actuellement une domination militaire sur le plan de l'aviation. On peut arriver à renverser ça, soit par un appui militaire, mais c'est contraire aux engagements que nous avons pris ; soit par un appui diplomatique. Mais les Russes et les Chinois bloquent [cet appui] et les Iraniens aussi sont derrière", a expliqué Laurent Fabius. "Ce que nous devons faire, c'est essayer de faire basculer cela, mais pour le moment nous n'y arrivons pas", a-t-il reconnu.

"Au Mali, il faut arrêter le terrorisme"

Laurent Fabius s'est également exprimé, brièvement, au sujet des otages français détenus au nord du Mali. Interrogé sur le danger que représente une opération militaire au Mali pour les otages français toujours détenus par Aqmi, Laurent Fabius a simplement déclaré que "nous travaillons tous les jours pour la libération des otages. Nous avons des contacts avec les familles. D'un autre côté, à partir du moment où la communauté internationale dit qu'il faut arrêter le terrorisme au Mali, il faut le faire". Le ministre des Affaires étrangères n'a pas voulu s'exprimer au sujet d'un possible versement de rançon pour la libération des quatre otages français enlevés au Niger et détenus au Sahel.

Au sujet de la mise en place d'une aide européenne au Mali pour mener des opérations militaires contre Aqmi, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a déclaré dimanche matin, sur Europe 1, que "les Nations Unies et l'Europe ont donné l'autorisation des troupes maliennes et cela peut commencer maintenant".

"Nous n'aurons pas de troupe au sol, c'est clair, c'est net", a-t-il assuré, "mais si on s'en prend directement aux terroristes installés, il y aura un accompagnement : ça peut être l'Intelligence, c'est-à-dire, l'écoute, mais pas de forces spéciales, pas de troupe au sol. C'est aux Africains d'engager cela", a estimé le chef de la diplomatie française.

France-Algérie : "pas de traité d'amitié"

Les relations entre la France et l'Algérie ont également été abordées, dimanche matin. La France souhaite conclure un "partenariat stratégique" avec l'Algérie à l'occasion de la visite, en décembre, du président François Hollande dans ce pays, mais pas un "traité d'amitié", que "ne souhaitent pas" les Algériens, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. "Nos amis algériens ne souhaitent pas qu'on rentre dans ce type d'instrument juridique. Ils veulent un partenariat stratégique avec nous et c'est aussi notre approche", a-t-il affirmé, sur Europe 1 et I-télé.

Dans un entretien au Journal du Dimanche, le ministre délégué aux Anciens Combattants, Kader Arif, avait pour sa part dit "espérer" que le traité franco-algérien "portera le nom de traité d'amitié". "Je pense que ce concept ne sera pas retenu", a dit le chef de la diplomatie française. Il a par ailleurs réaffirmé que ce voyage du président Hollande ne donnerait pas lieu à une repentance de la France sur son passé colonial. "Les Algériens ne souhaitent absolument pas qu'on fasse un voyage tourné vers le passé", a-t-il affirmé.